La FSPF alerte les pharmaciens et les assurés sur l’imbroglio engendré par les ordonnances ne comprenant que des médicaments à 15 %. Les complémentaires santé refusant de prendre en charge les honoraires sur des médicaments qu’elles ne remboursent pas, patients et pharmaciens seront pénalisés.
L’Union nationale des organismes d'assurance maladie complémentaire (UNOCAM) l’a annoncé clairement, les complémentaires santé ne prendront pas en charge les honoraires sur les médicaments remboursables à 15 % dès lors que le remboursement de ces derniers ne figure pas au contrat de l’assuré et que l’ordonnance ne comprend que des produits remboursables à 15 % (anciennes vignettes orange).
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dénonce les effets pervers de ce principe. En effet, comme le souligne Philippe Gaertner, son président, les assurés devront s’acquitter non seulement du ticket modérateur mais aussi des nouveaux honoraires de dispensation (à hauteur de 30 %).
Prévus à l’avenant n° 11 de la convention pharmaceutique de juillet 2017, ceux-ci peuvent d’ailleurs se cumuler, selon le profil du patient, pour atteindre un montant non négligeable pour l’assuré. Cette situation complexe, que la FSPF n’hésite pas à qualifier de « mic mac », requiert par ailleurs du pharmacien un effort pédagogique important auprès de ses patients. Ainsi, expose le syndicat, le pharmacien devra expliquer à un patient âgé qui se voit, par exemple, prescrire uniquement une boîte de Stilnox (14 comprimés) et dont la complémentaire ne rembourse pas les médicaments à 15 %, que son reste à charge est de 2,63 euros en 2018 mais sera de 4,32 euros en 2020, s’il demande la prise en charge par l’assurance-maladie, ou de 3,09 euros s’il y renonce.
Une situation paradoxale en effet puisque dans cet exemple, « le patient économiserait 1,23 euro (et même 1,69 euro en tenant compte de la franchise limitée pour ce médicament à 0,46 euro) en ne demandant pas le remboursement ». Quant au pharmacien, deuxième mise en garde de la FSPF, « il perd dans ce cas 5,66 euros de rémunération, soit la somme des trois nouveaux honoraires puisque ceux-ci ne sont uniquement facturables que si le remboursement est demandé ! »
De là à penser que les signataires de l’avenant n° 11 n’ont pas anticipé les conséquences de leur signature sur le reste à charge du patient et sur la rémunération de l’officine il n’y a qu’un pas que la FSPF est tentée de franchir. À moins, insinue le syndicat, que la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) pousse les patients à ne pas demander le remboursement pour générer des économies ou encore que l'organisme payeur ait réussi « le tour de force d’échanger de la marge contre des honoraires que les pharmaciens ne percevront pas ».
En tout état de cause, La FSPF demande à l’assurance-maladie et aux complémentaires santé de remédier à cette « anomalie scandaleuse » qui augmente considérablement le reste à charge des patients autant qu’elle affecte l’économie de l’officine.
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