Pour Yorick Berger, pharmacien dans le XIIIe arrondissement de Paris et candidat de la FSPF aux élections des URPS en Île-de-France,les déclarations des syndicats de médecins étaient dirigés « contre Jérôme Salomon et non contre les pharmaciens. Les médecins n’ont rien contre nous », souligne-t-il. Il reconnaît avoir été extrêmement surpris lorsque le directeur général de la Santé a annoncé que les commandes de vaccins seraient réservées aux officinaux pour la semaine du 8 mars.
« Des médecins sont venus me voir et m’ont demandé comment ils allaient faire. Je ne compte pas empêcher des médecins d’honorer leurs rendez-vous, donc je leur délivrerai des flacons cette semaine pour qu’ils puissent vacciner leurs patients. Selon le nombre de doses reçues, je verrai ensuite combien de personnes je pourrais vacciner. On ne peut pas dire un jour "on vous donne les vaccins à vous", puis faire l’inverse ensuite, on travaille main dans la main avec les médecins. Les décisionnaires sont déconnectés, il faudrait qu’ils viennent parfois voir comment cela passe sur le terrain », fustige Yorick Berger, beaucoup plus en colère contre le ministère qu’envers les syndicats de médecins.
Titulaire à Strasbourg et présent sur la liste de l’USPO pour les élections aux URPS dans la région Grand Est, Guillaume Kreutter n’a pas senti d’animosité de la part des médecins avec qui il a l’habitude de travailler. « Certains présidents de syndicats de médecins ont voulu faire le buzz mais, de ce que je vois, cela n’a pas d’impact sur le terrain, les relations sont bonnes. Il ne faut pas oublier que moins de 10 % des médecins sont syndiqués aujourd’hui, rappelle-t-il. Autour de moi, j’ai quatre médecins et seulement deux ont voulu vacciner, mais je ne veux pas leur jeter la pierre, la cible de patients éligibles était très restreinte pour eux au départ », rappelle le confrère alsacien. « Ce qui est plus compliqué en revanche c’est que l’on reçoit des DGS-Urgent presque tous les jours, les règles changent tout le temps. L’annonce de la DGS qui a révolté les syndicats de médecins n’était pas très élégante. C’est un énième imbroglio depuis le début de la crise et les professionnels de santé ont de moins en moins confiance en leur ministère. Je constate par exemple que les médecins lisent de moins en moins les DGS-Urgent », explique Guillaume Kreutter.
Depuis sa pharmacie de Valence, dans la Drôme, Gilles Brault-Scaillet dénonce tout de même le « complexe de supériorité, encore trop fréquent, de certains médecins », envers les officinaux. « Les présidents de syndicats de médecins, qui étaient déjà là il y a 20 ans pour la plupart, ont une vision dépassée de la médecine. Ils râlaient déjà lorsque les pharmaciens ont été autorisés à prendre la tension, puis à vacciner contre la grippe. Ce conflit sur la vaccination contre le Covid est une mauvaise guerre », déplore-t-il. « Qu’on le veuille ou non, beaucoup de médecins ne veulent pas vacciner. Certains nous envoient leurs patients et ça les arrange bien », explique Gilles Brault-Scaillet, qui juge néanmoins que les annonces de la DGS ont été « très maladroites ».
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