Un régime atypique et avantageux
Trois dispositifs différents contribuent à la retraite du pharmacien titulaire. D’une part, puisqu’il exerce une activité libérale, le titulaire cotise à un régime de base commun à l’ensemble des professions libérales. D’autre part, son statut professionnel l’oblige à cotiser auprès de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) qui gère les autres dispositifs de sa retraite dus au titre de son affiliation en tant que pharmacien libéral. Ce régime complémentaire comportant deux volets, l’un par répartition, l’autre par capitalisation, vient donc rehausser sa retraite de base. Le premier volet est forfaitaire et dépend du nombre de cotisants qui contribuent au dispositif. Il ouvre droit à un montant annuel d’allocation calculé en fonction du nombre d’années d’exercice libéral multiplié par la valeur d’une annuité de référence (320,75 euros par annuité cotisée en 2024). Le second volet, qui fait l’originalité du modèle, équivaut à un système d’épargne voué à fructifier jusqu’à l’âge de la retraite. Il aboutit au versement d’une rente viagère dont le montant dépend de différents critères. Ces deux volets impliquent le versement d’une cotisation, forfaitaire pour la partie complémentaire par répartition, indexée au niveau des revenus depuis la modification statutaire de 2015 pour le régime complémentaire par capitalisation.
Il existe 11 classes de cotisation, correspondant à des tranches de revenus et permettant de se constituer un capital.
La vente future de l’officine ne doit pas entrer en compte car on ne peut pas savoir à l’avance comment évolueront les prix du fonds.
Quels changements depuis la réforme ?
Entrée en vigueur au 1er septembre 2023, la dernière réforme a modifié les conditions pour pouvoir toucher une retraite de base à taux plein : l’âge légal de départ a ainsi été relevé de 3 mois par génération à compter du 1er septembre 1961 (avec 169 trimestres de cotisation) pour atteindre 64 ans (avec 172 trimestres de cotisation). Une bonification de 10 % du montant de la pension est également prévue (sous certaines conditions) pour les libéraux ayant eu 3 enfants. La retraite complémentaire, pour sa part, n’a pas été modifiée par la réforme. Le Code de la Sécurité sociale a fixé à 67 ans l’âge légal permettant de percevoir le régime par répartition à taux plein. Cette notion de seuil ne s’applique pas au régime par capitalisation, la rente viagère étant calculée en fonction de l’espérance de vie.
Le profil actuel du pharmacien retraité
Aujourd’hui et en moyenne, le titulaire part à la retraite à 65 ans avec une pension annuelle, incluant l’ensemble des régimes, équivalant à près de 18 300 euros. Cependant, il aura souvent placé de l’argent en placements immobiliers, en valeurs boursières afin d’augmenter le montant de sa retraite. Dans sa trajectoire professionnelle, il fera l’acquisition de son officine à l’âge moyen de 37 ans après avoir exercé une activité salariée en tant qu’adjoint durant une période pouvant aller jusqu’à 10 ans. Son revenu moyen d’activité s’élève à 80 000 euros par an.
Le volet par capitalisation de la retraite est le principal moyen de rehausser la pension du pharmacien.
À partir de quand faut-il « penser retraite » ?
Le plus tôt sera le mieux. Dès l’achat de la pharmacie, au moment où est établi le plan de financement, le pharmacien doit prévoir sa retraite. Il pourra, notamment, anticiper ses revenus à venir en fonction d’un chiffre d’affaires extrapolé, estimer quel pourra être le montant de sa cotisation mensuelle au régime par capitalisation et, par conséquent, connaître celui de sa rente. Dans cette projection, la vente future de l’officine ne doit pas entrer en compte car on ne peut pas savoir à l’avance comment évolueront les prix du fonds qui dépendent d’un grand nombre de facteurs inconnus. Dans sa projection, le pharmacien pourra, en revanche, intégrer une éventuelle période de salariat qui modifiera la proportion des droits acquis à la CAVP au bénéfice des régimes salariés (CNAV et ARCCO-AGIRC).
Les leviers à actionner pour augmenter le montant de sa retraite
Le volet par capitalisation de la retraite est le principal moyen de rehausser la pension du pharmacien. Dès son installation il a la possibilité de racheter 6 années de cotisation en fonction de son revenu (de la classe 3 à la classe 13). Plus l’opération est réalisée tôt et le capital augmenté, plus celui-ci produira d’intérêts. S’il veut anticiper son départ en retraite, il pourra racheter des cotisations au même tarif que s’il avait cotisé à taux plein jusqu’à 67 ans. Il pourra également agir sur son régime de base (en tant que libéral ou relevant d’un ancien statut salarié) en rachetant des trimestres lui évitant ainsi de percevoir une pension minorée, une solution qui, pour être avantageuse, ne doit être envisagée qu’en considérant le rapport âge et durée de cotisation. Au moment du départ, enfin, le pharmacien libéral aura la possibilité, en fonction de son âge, de racheter des annuités relevant du régime complémentaire par répartition.
Mais les possibilités d’augmenter ses revenus à la retraite ne se limitent pas à ces différents leviers. Car le pharmacien retraité peut désormais cumuler de nouveaux droits de pension en poursuivant une activité professionnelle là où, auparavant, il ne cotisait que pour la communauté. Ce dispositif de « cumul emploi-retraite » est cependant soumis à certaines conditions, disposer de l’ensemble de ses retraites et pouvoir prétendre à un taux plein. Les pharmaciens qui ont anticipé leur départ ou ont cotisé à taux réduit, sans atteindre la durée globale requise pour leur génération, devront attendre 67 ans (âge de la retraite sans décote) pour en bénéficier.
Un site à consulter
Pour connaître le montant de sa retraite, le pharmacien peut consulter le site www.info-retraite.fr. Il permet à tout assuré d’accéder à un compte résumant son parcours professionnel et les cotisations - tous régimes confondus hormis le volet capitalisation (accessible sur le site de la CAVP) -, qu’il a générées et d’effectuer les démarches liées à sa situation. L’application « Mon compte retraite » peut également être téléchargée gratuitement sur Play Store ou App Store. Si les données présentées sont erronées ou s’il manque des périodes d’activité, il est possible de demander une rectification des informations. D’où l’importance d’accéder à son compte retraite et d’y vérifier les données enregistrées.
Sujet réalisé en collaboration avec Cécile Bréchon, responsable du département allocataires à la CAVP
Sondage
81 % des officinaux ne connaissent pas le montant de leur retraite.
Selon une enquête CallMediCall/Le Quotidien du Pharmacien » réalisée du 22 janvier au 18 février 2024.
Repères
- Le titulaire cotise à deux régimes de retraite : l’un, de base, est commun à l’ensemble des professions libérales ; l’autre, complémentaire, est composé d’un volet par répartition et d’un volet par capitalisation.
- Le régime de retraite par capitalisation, qui fait l’originalité du modèle, équivaut à un système d’épargne voué à fructifier jusqu’à l’âge de la retraite.
- La dernière réforme des retraites a modifié les conditions pour pouvoir toucher une pension de base à taux plein.
- Le Code de la Sécurité sociale a fixé à 67 ans l’âge légal permettant de percevoir le régime par répartition à taux plein.
- Aujourd’hui et en moyenne, le titulaire part à la retraite à 65 ans avec une pension annuelle, incluant l’ensemble des régimes, équivalant à près de 18 300 euros.
- Le pharmacien doit prévoir sa retraite dès l’achat de la pharmacie, au moment où est établi le plan de financement.
- Le volet par capitalisation de la retraite est le principal moyen de rehausser la pension du pharmacien.
- Pour connaître le montant de sa retraite, le pharmacien peut consulter le site www.info-retraite.fr.
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