En croissance respective de 9,1 et de 7 %, les marchés de l’hygiène-beauté et des compléments alimentaires sauvent la mise sur un marché des produits en vente libre pénalisé par le recul de la médication familiale, en 2023, selon une analyse IQVIA.
Aucune surprise, en 2023, le médicament remboursable reste le moteur de la croissance de l’activité à l’officine. Sur un marché de la santé global en croissance de près de 5 points en 2023, le marché de la vente libre n’enregistre qu’une progression de 1,3 point, à 15,6 milliards d’euros. Et ce, en dépit du regain des ventes en parapharmacie qui s’étaient infléchies au cours de la période Covid, comme le rappelle IQVIA à l’origine de ces statistiques portant sur l’année 2023.
De fait, dans ce contexte, la croissance des médicaments non remboursables en vente libre et des produits hors AMM apparaît comme anecdotique à respectivement 1,4 % et 2,6 %. Ils ne pèsent que 2 milliards d’euros pour les premiers et 7,1 milliards d’euros pour les seconds, sur un marché de la santé de 44 milliards d’euros. Du reste, cette évolution positive est portée essentiellement par deux facteurs. L’effet innovation, tout d’abord, est le moteur essentiel de ces segments de produits. « Les nouveaux produits contribuent pour 430 millions d’euros à la croissance, et atténuent quelque peu la baisse des volumes, la stagnation de la médication familiale en l’absence de pathologies hivernales et l'effondrement des autotests Covid », comme l’analyse Antoine Collet, directeur du panel Pharmastat. Ce phénomène bénéficie tout particulièrement au rayon hygiène beauté, en croissance de 9,1 %. La médication familiale, qui représente un tiers du marché de la vente libre, subit quant à elle un recul de 0,6 %.
Deuxième facteur d’évolution, l’inflation qui, contrairement à 2022, a influé sur la politique de prix et contribue pour 222 millions d’euros à la croissance – bien qu’artificielle – du chiffre d’affaires. « En 2022, industriels et pharmaciens n’avaient pas répercuté sur le prix consommateur une inflation de 5,2 %. En 2023, alors que l’inflation s’est maintenue à 4,9 %, ils n’ont en revanche pas pu prendre davantage sur leur marge, en l’absence des rémunérations issues des missions Covid », rappelle Antoine Collet, notant que cette hausse de prix a été en partie soutenue par le lancement de nouveaux produits à des prix premium.
Ces tendances haussières relevées en 2023 conduisent sans aucun doute 76 % des Français à estimer que les prix pratiqués par leur pharmacien sont trop élevés, comme le révèle une étude menée en janvier dernier par IQVIA auprès de 1 000 consommateurs français. En revanche, la pharmacie qui détient 92 % du marché des produits en vente libre, continue de se placer en pole position quant aux critères d’efficacité, de qualité des produits et de conseil auprès du grand public. Toutefois, les données d’IQVIA sont sans appel. Les plus grandes pharmacies, celles dont le chiffre d’affaires excède 3 millions d’euros, sont les seules à bénéficier de la croissance du marché des produits en vente libre.
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