Le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre les 38,4 milliards d’euros en fin d’année, dont 31 milliards d’euros pour la seule branche maladie. La crise du Covid-19 a plombé les comptes davantage que prévu : le coût des vaccins va s’élever à 4,6 milliards d’euros (au lieu de 1,5 milliard d’euros) et celui des tests à 4,9 milliards d’euros (au lieu de 2 milliards). Malgré tout, l’assurance-maladie repousse toute cure d’austérité. Les économies attendues en 2022 s’élèvent à 1,015 milliard d’euros (versus 1,075 milliard pour 2021), soit moitié moins que les objectifs des années précédant la crise. Elles reposent principalement sur les produits de santé (490 millions d’euros), à raison de 290 millions d’euros sur les médicaments, 150 millions d’euros sur les dispositifs médicaux et 50 millions d’euros grâce à la lutte contre l’iatrogénie.
Côté médicaments, l’assurance-maladie espère économiser 60 millions d’euros grâce à la dispensation adaptée, ce dispositif qui rémunère le pharmacien pour la non-délivrance de médicaments dans 22 classes thérapeutiques depuis le 1er juillet 2020. Deuxième poste d’économies : les génériques pour 45 millions d’euros. La CNAM se base sur l’augmentation du taux de pénétration en 2020 à 91,6 % (contre 87,7 % en 2019) et une baisse importante de l’utilisation de la mention « non substituable » par les médecins. Elle compte également sur le développement du marché des biosimilaires. Elle prévoit d’instaurer un dispositif d’intéressement pour les prescripteurs de ville et de restaurer le droit de substitution par le pharmacien en initiation de traitement (hors chronique). Des actions en faveur du bon usage pour diminuer les prescriptions inutiles ou inadaptées viseront en outre les inhibiteurs de la pompe à protons ou IPP, les antidiabétiques, les benzodiazépines, les traitements de la polyarthrite rhumatoïde et les antalgiques.
Le reste des économies attendues concernent les actes et prescriptions pour 340 millions d’euros, l’optimisation des prises en charge et la lutte contre les fraudes et abus, notamment contre les trafics de médicaments. Par ailleurs, la CNAM insiste sur sa volonté de « rénover » sa façon de maîtriser les coûts, qui passera par une approche plus transversale du soin, par pathologie et dans le cadre d’un parcours de soins coordonné (CPTS).
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), met en garde contre une lecture faussée de ces comptes qui ne refléterait en rien la situation économique de l'officine. Car, dénonce-t-il, le mode de calcul « intègre les tests antigéniques aux médicaments et globalise l'activité des pharmacies avec celle des industriels ». Et ce décalage persiste en 2021 : « à titre d'exemple, au cours des cinq premiers mois de cette année, les dépenses en médicament ont augmenté de 600 millions d'euros pendant que les pharmaciens subissaient un recul de 140 millions d'euros de leur rémunération ». Selon lui, seule une nouvelle convention pharmaceutique pourra redéfinir un modèle susceptible de revaloriser à la fois la dispensation du médicament, cœur de métier historique de la profession, et les nouvelles missions de santé publique du pharmacien.
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