Rentabilité des officines

Quel EBE en 2023 ?

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Publié le 26/10/2023
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À quelques mois de la fin de l’exercice 2023, les experts-comptables prévoient un excédent brut d’exploitation (EBE) qui pourrait retrouver le niveau de 2019 ou de 2020. Un prévisionnel que conteste Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Pour Philippe Besset (FSPF), 2024 va être une année « très compliquée »

Pour Philippe Besset (FSPF), 2024 va être une année « très compliquée »
Crédit photo : Capucine Henry

Alors que syndicats et assurance-maladie aiguisent déjà leurs arguments en amont des négociations conventionnelles sur le volet économique de l’officine, qui doivent débuter en novembre, les chiffres prévisionnels livrés par les experts-comptables sont scrutés comme le lait sur le feu. Et les perspectives d’un retour au niveau de l’EBE de 2020 pour l’exercice 2023 ne font pas l’unanimité.

Les chiffres arrêtés pour 2022 montrent un EBE compris entre 15,80 % (Fiducial) et 17,09 % (KPMG) du chiffre d’affaires, du quasiment jamais vu, relève Joël Lecoeur, président de CGP. Mais pour l’année 2023, cet excédent devrait tourner autour de 13 ou 14 % du chiffre d’affaires, soit « au niveau de 2019-2020 en euros, malgré une évolution de l’activité ». Une estimation rejetée par le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) : « Je n’y crois pas et je pense que l’EBE sera très inférieur. »

Année compliquée

S’il est d’accord avec les experts-comptables sur une hausse de l’activité d’environ 1 %, la nature de l’activité a son importance. Or, en 2023, « pour être caricatural, on remplace de la marge à 100 % par de la marge à 0 puisque l’activité Covid est remplacée par les médicaments chers, qu’on dispense sans rémunération au-dessus de 1930 euros ». L’activité a, certes, beaucoup augmenté depuis 2019, mais les charges également. « Elles vont continuer à augmenter, le chiffre d’affaires va se stabiliser, la marge va diminuer et, de façon absolument obligatoire, l’EBE va diminuer par rapport aux années 2019-2020. »

Or l’année de référence pour les négociations économiques est 2019, soit avant Covid. « Cela signifie une diminution de l’EBE par rapport à l’année de référence et c’est sur cela que nous allons négocier. » Réagissant à la démonstration de Philippe Besset, Philippe Becker (Fiducial) espère néanmoins que les prévisions optimistes des experts-comptables se révéleront justes. Mais, prévient-il, « ce n’est pas 2023 mais 2024 qui va être une année très compliquée, et pas que pour la pharmacie mais pour beaucoup d’entreprises ».

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien