LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Signerez-vous l’avenant rémunération proposé par l’assurance-maladie ?
GILLES BONNEFOND. - Nous avons toujours dit que cette proposition ne nous convenait pas.
La solution envisagée par l’assurance-maladie ne vous paraît donc pas satisfaisante ?
Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation de grand malaise et d’inquiétudes dans la profession. Selon les derniers résultats de notre enquête, 91 % des pharmaciens refusent cette solution, du jamais vu. La dernière réunion avec l’assurance-maladie a encore épaissi le brouillard qui entoure la réforme de la rémunération. C’est du bricolage, sans fondations solides, qui expose la profession à de grands risques sans aucune garantie et ne prépare pas l’avenir du métier. Non seulement ce n’est pas satisfaisant, mais c’est dangereux. Pendant trois ans, toute possibilité d’évolution du métier de pharmacien va être gelée car cette nouvelle rémunération n’est pas prévue avant 2015. Et la marge va continuer de diminuer avec l’accord de ceux qui vont signer, car cette proposition d’honoraires ne protège ni des baisses de prix, ni des changements de conditionnements. On a fait un saut de dix ans en arrière avec cette pseudo-réforme qui sera fatale pour une partie de la profession.
Quelle alternative proposez-vous ?
Il faut recalibrer en urgence notre modèle de marge dégressive lissée (MDL) en augmentant le forfait à la boîte à 60 centimes d’euros sans toucher aux paramètres de la première tranche de la MDL pour ne pas baisser la marge des médicaments destinés aux patients chroniques. Parallèlement, il faut introduire des honoraires à l’ordonnance, en particulier pour celles qui ne sont pas assez rémunératrices. Il est également nécessaire d’accélérer la rémunération de certains actes spécifiques de dispensation comme le suivi des patients sous traitement de substitution aux opiacés ou renforcer la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Finalement, les pouvoirs publics ont obtenu la suppression de la vignette avec l’arrêt des écoulements de stock, la dispensation des antibiotiques à l’unité, le plafonnement de la marge des pharmaciens à 98 euros, la baisse de la marge sur les traitements chroniques et la possibilité de continuer à diminuer la marge des pharmaciens par de futures baisses de prix. En échange de cet accord, on nous propose cet honoraire d’un euro à la boîte. Ce n’est pas sérieux.
Plus généralement, l’introduction d’une part d’honoraires dans la rémunération est-elle, selon vous, une solution d’avenir pour le réseau ?
L’honoraire oui, mais à l’ordonnance, pas à la boîte. En effet, l’honoraire est une solution, mais à condition qu’il soit déconnecté des volumes. Or avec la réforme envisagée par l’assurance-maladie, on fait exactement l’inverse. L’honoraire d’un euro est en effet directement lié au nombre de boîtes dispensées. Il en est de même pour les 50 centimes d’euros pour les ordonnances de cinq lignes et plus qui sont aussi liés au volume.
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