CHAQUE ANNÉE, le réseau Professions de santé de KPMG Entreprises établit des moyennes professionnelles pour les pharmacies d’officine, grâce à l’analyse des comptes annuels de ses clients. Les experts de KPMG, réunis sous la direction de Joël Vellozzi et Marc Allies, ont pu présenter, il y a quelques jours, les tendances lourdes de leur étude 2010, qui porte sur l’économie des officines en 2009*. En outre, de nouveaux ratios économiques et financiers ont été calculés cette année par KPMG, par exemple sur le taux de marge, ce qui renforce encore l’intérêt de cette étude.
Concernant tout d’abord l’activité, « on note une évolution très faible et contrastée », souligne-t-on chez KPMG. L’évolution du chiffre d’affaires de 2009 par rapport à celui de 2008 est en effet limitée à +1 %, soit la progression la plus faible de ces dernières années. Les officines de moins de 1 100 000 euros de chiffre d’affaires subissent même un recul de leur activité de 0,3 % en moyenne, relève cette étude. Cette croissance très faible est due principalement à l’évolution de l’activité sur les médicaments non remboursés (+ 5,7 %), alors que les ventes de médicaments remboursés ne progressent que de 0,8 %. Au total, la ventilation moyenne du chiffre d’affaires par taux de TVA est désormais la suivante : 80 % pour les ventes à 2,1 %, 12 % pour celles à 5,5 % et 8 % pour celles à 19,6 %.
Une marge moyenne à 28,16 %.
« La marge moyenne en valeur, quant à elle, augmente très légèrement en 2009 (+ 0,9 %), soit à peu près comme l’évolution du chiffre d’affaires », note encore KPMG. Ce qui signifie que le taux de marge moyen est resté à peu près stable en 2009, à 28,16 %. Mais là aussi, il y a des différences notables selon la nature des ventes : l’activité à 5,5 % sur le médicament non remboursé génère le taux de marge le plus élevé (33,6 %), le taux de marge sur le chiffre d’affaires à 2,1 % du médicament remboursé atteignant 26,6 % et celui sur la parapharmacie 32,7 %.
Autre tendance lourde relevée par KPMG : la dégradation de la rentabilité. En effet, le ratio de performance commerciale et de gestion (PCG) est à nouveau en retrait en 2009, à 12,68 % du chiffre d’affaires au lieu de 12,92 % l’année précédente. Or, selon les experts de KPMG, ce ratio est le plus pertinent pour mesurer la rentabilité des officines, puisqu’il fait abstraction des cotisations sociales du ou des titulaires et du mode d’imposition de la pharmacie.
On peut remarquer également que ce ratio s’élève à 11,8 % lorsque l’officine ne compte qu’un seul titulaire, alors qu’il atteint 14 % en présence de deux titulaires ou plus. La rentabilité des officines est donc meilleure avec deux titulaires ou plus qu’avec un seul. On peut noter aussi que la typologie de l’officine a un impact sur ce ratio de rentabilité : les pharmacies en zone rurale dégagent un ratio plus élevé d’environ 1,5 point que les zones officines en zone urbaine. L’explication tient au fait que les frais généraux sont moins élevés, en proportion du chiffre d’affaires, pour les pharmacies en zone rurale.
Frais de personnel en hausse.
Or « l‘augmentation des frais de personnel, justement, est la principale cause de la dégradation de la rentabilité des officines en 2009 », expliquent les experts de KPMG. Il faut dire que ces frais ont augmenté l’an dernier de + 2,8 %, soit davantage que la progression du chiffre d’affaires et de la marge. Ainsi, les frais de personnel (hors titulaire) ressortent désormais à 10,4 % du chiffre d’affaires, contre 10,2 % l’année précédente. Mais, comme pour la rentabilité sur laquelle il a un effet direct, le ratio des frais de personnel s’allège en fonction du nombre de titulaires puisqu’il atteint 11,1 % en présence d’un titulaire et 9,2 % lorsque l’officine en compte plusieurs.
KPMG conclut sur l’analyse de ce poste en constatant que, « dans un contexte d’activité difficile, les officines ont maintenu significativement l’évolution de leurs frais de personnel et leur effectif moyen, le calcul de l’effectif équivalent temps plein, titulaire compris, étant resté stable à environ 5,5 personnes ».
Les autres ratios analysés par cette étude, enfin, ne sont guère meilleurs. La trésorerie des officines, notamment, reste globalement positive, mais recule de 5 % environ en moyenne. Bien sûr, la baisse de la performance commerciale et de gestion impacte défavorablement l’évolution de cette trésorerie. Il en est de même pour le crédit fournisseurs, qui augmentait ces dernières années mais qui diminue désormais et s’établit à 40 jours en moyenne avec la réduction des délais de paiement imposée par la loi LME (loi de modernisation de l’économie)…
Un constat global préoccupant, donc, et qui doit conduire chaque officine, explique Joël Vellozzi, « à analyser ses propres ratios, à se positionner par rapport aux officines de même type et à engager un plan d’action adapté ».
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