LE TON monte entre les syndicats et le gouvernement. Visiblement agacés par la dernière réunion du groupe de travail sur l’évolution de la rémunération de la profession, ils envisagent de passer à l’action. Dès lundi, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) proposait ainsi aux autres organisations syndicales d’entamer une grève des gardes et urgences à partir de demain, vendredi 9 juillet. Aussi, demande-t-elle l’organisation d’une réunion dans les plus brefs délais « pour convenir des actions à mener afin de durcir ce combat ». Pour l’UNPF, « c’est dans l’unité que nous réussirons » et « c’est par des actions que nous serons entendus ». Déjà, à la fin de la semaine dernière, le président de la commission Économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, estimait qu’il était « assez probable que le dialogue avec les pouvoirs publics devienne plus conflictuel ». Les prochaines heures seront décisives.
Arbitrages reportés.
Les négociations avec le gouvernement avaient pourtant bien commencé. Lors de leur premier rendez-vous, fin mai, les deux parties s’étaient en effet quittées sur le constat partagé d’une économie officinale particulièrement dégradée. Les syndicats d’officinaux avaient également pu avancer leurs propositions pour améliorer la situation (« le Quotidien » du 27 mai). Les pouvoirs publics avaient alors promis de faire part de leurs décisions avant la fin du mois de juin. Et puis, jeudi dernier, patatras, les représentants du gouvernement se sont présenté les mains vides, reportant les arbitrages ministériels au mois de septembre. Une situation « inacceptable » aux yeux du président de l’UNPF, Claude Japhet. « Depuis le début de l’année, nous avons alerté le gouvernement sur la dégradation de l’économie de l’officine, explique-t-il. Celle-ci entraîne, pour plus de 50 % des pharmacies, un manque de fonds de roulement ainsi qu’une trésorerie négative, se traduisant pour certaines d’entre elles par un dépôt de bilan. » Pour permettre aux officines de sortir la tête de l’eau, l’UNPF et la FSPF demandent, en urgence, la révision de la marge dégressive lissée (MDL) en vigueur pour la rendre plus linéaire et retrouver de la croissance. Pour sa part, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) préconise, en préambule, l’injection de 300 millions d’euros dans le réseau et l’arrêt des grands conditionnements. Le syndicat souhaite également le prolongement d’un an supplémentaire de l’expérimentation menée actuellement au sein des EHPAD*, le démarrage des sites pilotes dès cette année pour la coordination des soins avec le pharmacien correspondant, ou encore la rémunération des nouvelles missions prévues par la loi HPST. « La profession n’attend pas un simple « pack de survie », souligne son président délégué, Gilles Bonnefond. Nous avons besoin d’un vrai projet professionnel pour notre avenir et des moyens financiers adaptés à ses missions pour répondre aux nouvelles attentes des patients. »
Cure d’austérité.
De son côté, le ministère de la Santé ne semble pas disposer d’une grande marge de manœuvre. Car le contexte économique du pays incite les pouvoirs publics à resserrer encore davantage les cordons de la bourse. Les dernières prévisions envisageant un nouveau déficit record du régime général de la Sécurité sociale de près de 27 milliards d’euros en 2010 n’invitent pas non plus à l’optimisme. D’ailleurs, le gouvernement l’a récemment indiqué, face à cette situation, « l’objectif prioritaire reste la maîtrise des dépenses ». L’ONDAM** prévu pour cette année « sera strictement respecté », affirme-t-il, et celui des prochaines années sera progressivement diminué pour passer à 2,9 % en 2011 et à 2,8 % en 2012. Parallèlement, l’État s’apprête lui-même à se serrer la ceinture. Outre l’annulation de la garden-party du 14 juillet à l’Élysée, Nicolas Sarkozy compte notamment mettre fin aux chasses présidentielles et encadrer davantage les déplacements des ministres. Dans la période d’austérité qui s’amorce, pas sûr que la revalorisation de la marge des officinaux soit une priorité gouvernementale.
** Objectif national des dépenses d’assurance-maladie.
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