Les syndicats de pharmaciens le pressentaient, l’arrêté paru ce matin au « Journal officiel » (JO) le confirme. La rémunération dédiée à la dispensation du Paxlovid, médicament du Covid qui entre dès ce soir dans le circuit habituel de distribution, chute lourdement. Les syndicats s'insurgent.
Hier, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, regrettait d’être dans l’expectative concernant la rémunération de la dispensation du Paxlovid (nirmatrelvir-ritonavir) alors que l’antiviral sort du dispositif d’accès précoce dès 19 heures aujourd’hui pour entrer dans le circuit de routine des médicaments. Et ne manquait pas de s’inquiéter car « l’assurance-maladie envisage de diminuer ce tarif sans consultation des syndicats ». Même son de cloche à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dont le président, Philippe Besset, s’attendait néanmoins à « un texte au JO vendredi matin ».
C’est bien ce qui s’est produit avec la publication d’un arrêté ce matin, entérinant une forte baisse de la rémunération pour la dispensation de Paxlovid. Jusqu’alors facturée 9,22 euros TTC, elle sera désormais de 3,57 euros TTC. Pour Pierre-Olivier Variot, cette « décision unilatérale » est d’autant moins bien vécue qu’il ne trouve aucune logique dans les tarifications imposées par l’assurance-maladie. « La principale différence avec l’entrée du Paxlovid dans le droit commun, c’est l’arrêt de l’utilisation de la plateforme de Pfizer. Pour cela on nous enlève 5,65 euros de rémunération par spécialité délivrée. En miroir, on observe que pour renseigner la plateforme dédiée aux tests de dépistage du Covid et délivrer le résultat aux patients, la rémunération est de 1,90 euro. C’est deux poids, deux mesures, cela montre bien au pharmacien l’iniquité de traitement quand il s’agit de faire ou de ne pas faire. »
Quant à Philippe Besset, il annonce tout de go que « la FSPF refuse la nouvelle rémunération fixée par le gouvernement ». Et explique : « Si nous étions rémunérés selon les règles habituelles, nous percevrions 36 euros environ par délivrance. Avec 3,57 euros TTC, c’est donc moins de 10 % de cette somme qui nous sera versée alors que l’État achète cette spécialité plusieurs centaines d’euros. S’agissant d’un médicament qui nécessite une attention toute particulière en raison de nombreuses interactions, contre-indications et conditions d’utilisation, la FSPF n’accepte pas cette baisse d’un tarif qui était à l’origine déjà insuffisant. » Il ajoute que cette baisse de rémunération sur la dispensation d'un médicament, cœur de métier de l'officine, est inadmissible en pleine période d'inflation et qu'elle devrait au contraire être revalorisée. La FSPF demande donc « l’application des règles de droit commun de rémunération des pharmaciens d’officine ».
L’arrêté paru ce matin rappelle que les honoraires de dispensation liés à l’ordonnance, à la boîte et à l’âge si besoin, s’ajoutent à ces 3,57 euros facturés au patient. L’ensemble de ces frais est pris en charge par l’assurance-maladie. Ce texte entérine, en sus, l’utilisation par le médecin d’une ordonnance de dispensation conditionnelle. Celle-ci est « subordonnée à la présentation du résultat d’un test positif sauf si le prescripteur est déjà en possession d’un tel résultat ».
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