Acculé par le refus de fourniture de l’hydroxychloroquine (HCQ) par Sanofi, Didier Raoult multiplie les actions pour obtenir sa molécule préférée pour soigner le Covid-19. Conséquence de ce refus d’honorer les commandes de l’IHU de Marseille, les pharmaciens de PACA risquent fort de voir se multiplier les ordonnances d’HCQ au comptoir. L’Ordre régional a tenu à prévenir les confrères… qui n’ont pas apprécié la tournure du courrier.
Le 30 octobre dernier, Sanofi adressait un long courrier au ministre de la Santé, Olivier Véran, pour détailler les raisons de son refus d’honorer les commandes d'HCQ émanant de l’IHU de Marseille. Le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, explique avoir rappelé à l’AP-HM, le 26 août dernier, ses « obligations en termes de bon usage et de respect des termes de l’AMM » au regard de la perte du statut dérogatoire de l’HCQ le 27 mai précédent après réexamen de ce traitement dans le Covid-19 par le Haut conseil de la santé publique (HCSP). Une communication préventive qui n’a pas empêché l’IHU de Marseille de passer des commandes « de quantités particulièrement élevées » en septembre.
Non seulement le laboratoire a refusé de livrer – il continue néanmoins des livraisons à hauteur des quantités commandées avant la pandémie – mais il a aussi alerté la Direction générale de la Santé (DGS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de la « nécessité d’encadrer une telle utilisation hors AMM ». Or, l’ANSM a rejeté, le 21 octobre dernier, la demande de l’IHU de Marseille d’octroyer une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) à l’HCQ, sur la base des données scientifiques disponibles. Dans ce cadre, Sanofi rappelle que la liberté de prescription « n’est pas absolue », que le hors AMM « s’entend au cas par cas », « doit être conforme à l’intérêt du patient et justifié par les données acquises par la science ».
Acculé par le refus de Sanofi d’honorer ses commandes de Plaquenil et le rejet de sa demande de RTU par l’ANSM, Didier Raoult a annoncé mercredi avoir déposé un recours en Conseil d’État et préparer le dépôt d’une plainte au pénal contre le directeur de l’ANSM. Face au manque d’HCQ, les ordonnances de l’IHU risquent fort d’être présentées dans les pharmacies d’officine de la région de Marseille. C’est dans ce sens que le président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens PACA-Corse, Stéphane Pichon, a adressé un mail aux confrères il y a une dizaine de jours. Le but ? Les prévenir que des ordonnances prescrivant de l’hydroxychloroquine, de l’azithromycine et du zinc arrivaient en pharmacie de ville et que celles-ci « sont parfaitement légales si est apposée sur l’ordonnance la mention hors AMM ». Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux. Certains officinaux y voient un « soutien » à l’IHU de Marseille quand d’autres craignent des pénuries pour les patients qui doivent recevoir du Plaquenil dans le cadre de l’AMM. D'autres renvoient à la communication commune des Ordres des médecins et des pharmaciens du 7 septembre quant à la conduite à tenir concernant le hors AMM.
Contacté, Stéphane Pichon assume son courriel. « Je ne suis pas un homme de polémiques, mais pragmatique. Je connais la rigueur des prescriptions de l’IHU de Marseille et j’appelle les pharmaciens à dispenser de façon réfléchie. » Selon lui, un patient positif au Covid pris en charge par l’IHU bénéficie d’une mesure de la température, de la saturation en oxygène et de la tension, un bilan sanguin comprenant notamment la kaliémie et l’état de coagulation ainsi qu’un électrocardiogramme avant l’entretien avec un médecin. « Pour ce type de prescription, ajoute Stéphane Pichon, j’invite le pharmacien à s’entretenir avec le prescripteur pour savoir si tous les examens ont été réalisés avant la dispensation. »
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