C’est une proposition étonnante de l’assurance-maladie qui, pour lutter contre le gaspillage des produits de santé, propose d’expérimenter la réutilisation de médicaments non utilisés (MNU) et rapportés à l’officine. La CNAM s’explique.
Dans son souhait de verdir le système de santé, l’assurance-maladie a émis plusieurs propositions visant à lutter contre le gaspillage des produits de santé et, accessoirement, faire des économies sur les dépenses de santé. « Un produit dispensé doit être un produit utilisé », clame-t-elle dans son « Rapport charges et produits 2025 » publié en juillet, qui donne le ton sur les prochaines mesures économiques dans la santé. L’une des propositions consiste à identifier avec les pharmaciens les médicaments non utilisés (MNU) rapportés à l’officine et expérimenter leur réutilisation. Un changement total de cap.
« La première phase serait d’analyser avec des officines volontaires les produits non utilisés rapportés par les patients (type de produits, date de péremption, quantité, etc.). Une seconde phase, qui pourrait être l’expérimentation de la remise dans le circuit de médicaments non utilisés, ne sera pas réalisable sans évolutions juridiques et ce, même dans un cadre expérimental », explique la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM), interrogée par « Le Quotidien ». Quels médicaments seront concernés ? Sur quels critères un pharmacien jugera-t-il qu’un MNU peut être remis dans le circuit ? Quelle rémunération pour le pharmacien ? Et quid de la sérialisation ou encore de la responsabilité du pharmacien en cas de problème avec un MNU réutilisé ? Il est encore trop tôt pour répondre, car le projet d’expérimentation n’est encore « qu’au stade de l’étude », indique l’assurance-maladie, sans compter qu’il y a toute une réglementation à modifier. La piste semble cependant tenace car « des échanges ont également démarré avec la direction générale de la santé (DGS) pour lancer une expérimentation à l’hôpital sur la base d’expérimentations menées aux Pays-Bas. Même chose, nous sommes au stade de l’étude ».
« Le gisement total de MNU est de 13 443 tonnes en 2022, sur lequel Cyclamed a collecté 9 415 tonnes (taux de collecte de 70 %) », rappelle la CNAM.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires