Le Quotidien du pharmacien.- Lors du congrès des maires, Aurélien Rousseau a insisté sur les multiples actions menées sur le terrain pour pallier les carences du système. Que retenez-vous de cette intervention ?
Philippe Besset.- Je crois que ce discours est important. Il vaut d’ailleurs également pour la pharmacie. Il ne s’agit pas seulement d’établir un catalogue de ce qui ne fonctionne pas, mais aussi de faire l’inventaire de ce qui marche bien. Car ne mettre en exergue que les difficultés n’est pas du tout positif pour l’attractivité du secteur. Le ministre a dit « je sais que tout n’est pas parfait, nous avons notre part de responsabilité mais nous pouvons toujours nous améliorer, expérimenter… ».
Il a également appelé à davantage de partage de tâches. Mais n’est-ce pas paradoxal d’inciter des pharmaciens à s’engager dans toujours plus de missions alors qu’ils manquent de personnels ?
Pas du tout, car ces nouvelles missions dont nous parlons, nous les réalisons déjà et ce, gratuitement. Que ce soit le renouvellement des ordonnances expirées des patients chroniques parce qu’ils n’obtiennent pas de rendez-vous chez un médecin, que ce soit la prise en charge de la cystite ou de l’angine, ces nouvelles missions entérinent des choses que nous avons toujours pratiquées, mais au prix de démarches administratives longues et complexes. Désormais, ces prises en charge seront simplifiées, protocolisées et sécurisées. Tous ces nouveaux éléments sont de nature à simplifier le parcours de soins. En revanche, il est vrai que certaines missions, comme les entretiens prévention, vont demander du personnel en plus. On ne peut vraisemblablement pas embaucher un salarié supplémentaire pour cela. Aussi, il faut absolument que la rémunération de base soit suffisante. D’où notre revendication pour une revalorisation de la dispensation, notre acte de base, qui nous donnera la capacité de déployer d’autres missions.
Vous militez aussi en faveur d’un forfait permettant aux pharmacies de zones désertifiées de subsister. Est-ce toujours d’actualité ?
Il ne s’agit pas seulement de zones désertées par les prescripteurs. Mais aussi par leur population. Nous avons des communes où le nombre d’habitants est passé de 2 500 à 900 ! Je propose un modèle pour les territoires dans lesquels le SAS (service d'accès aux soins) ne peut pas fonctionner car il n’y a plus de médecins. Ce modèle, que j’ai déjà exposé au ministre et à son directeur de cabinet, est calqué sur celui de l’hôpital. De même que les hôpitaux des zones périphériques perçoivent une rémunération complémentaire à la T2A (paiement à l’acte) qui leur permet de subsister, je propose que les pharmacies dont la pérennité est en danger puissent percevoir un forfait en plus de leur rémunération pour les actes qu’elles pratiquent. En retour, ces pharmacies s’engageraient à offrir tous les services, vaccination, entretiens… Il s’agirait d’un modèle vertueux. Nous verrons s’il sera retenu dans la lettre de cadrage que le ministre enverra au directeur général de l’assurance-maladie en préambule des négociations conventionnelles.
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