Avec un virus réputé plus dangereux en recrudescence en Afrique et identifié en Europe, la France se dit « prête » face au Mpox et les professionnels de santé s’organisent. Dans le même temps, les fake news fleurissent... Retour sur les informations et les conseils à donner au comptoir.
Y-a-t-il des cas de Mpox en France ?
Quelques cas de Mpox de clade II sont régulièrement signalés en France depuis 2022 (entre 12 et 26 cas mensuels entre janvier et juin 2024), mais c’est un sous-type réputé plus létal et transmissible (clade 1b) qui inquiète la planète entière depuis son expansion récente en Afrique de l’Est et la déclaration d’urgence de santé publique de portée internationale par l’OMS, le 14 août. La France, qui ne comptait au 16 août aucune contamination par le clade Ib, est en état d’alerte maximale. Les autorités de santé européennes jugent « élevée » la probabilité d'infection par le clade I du Mpox pour les contacts étroits de cas importés, et « modéré » la probabilité d'infection pour les personnes ayant de multiples partenaires sexuels qui n'étaient pas auparavant infectées par le clade II du Mpox ou qui n'étaient pas vaccinées lors de l'épidémie de 2022. Le risque global pour la population générale en Europe est actuellement évalué comme faible.
« Nous nous tenons prêts à faire face à tous les scénarios et à tous les risques », affirmait le 20 août Gabriel Attal à l’issue d’un second point en cinq jours sur la situation sanitaire avec les ministres du Travail et de la Santé. Les autorités et les professionnels de santé sont sur le pont.
Des symptômes visibles
L’infection par le virus Mpox est essentiellement marquée par une éruption de vésicules qui évoluent vers le dessèchement, la formation de croûtes puis la cicatrisation, localisée sur le visage, dans la zone anogénitale, les paumes des mains et plantes des pieds, mais également sur le tronc et les membres. Elle peut être associée à une fièvre, des maux de tête, des frissons, un épuisement, une lymphadénopathie, des douleurs musculaires. Les symptômes peuvent apparaître après une période d’incubation de 5 à 21 jours (le plus souvent 6 à 13 jours).
Dans la majorité des cas, les symptômes sont légers à modérées. La guérison se fait généralement spontanément en 2 à 4 semaines, avec la formation de croûtes.
En zone endémique, ou chez les personnes fragiles, le Mpox peut occasionner une encéphalite, des infections cutanées bactériennes secondaires, une déshydratation, une conjonctivite, une kératite, une pneumonie.
Le nouveau variant de Mpox est-il plus dangereux ?
Lors de l’épidémie de 2022 (clade II), une minorité de cas (1 à 13 %) a été hospitalisée pour isolement, gestion de la douleur ou pour des complications, rapporte le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Des cas mortels sporadiques ont été signalés et le taux de létalité global était inférieur à 0,1 %.
Si le clade I est connu pour être associé à des symptômes cliniques graves et à une mortalité plus élevée que le clade II, reste à définir le réel niveau de dangerosité du sous-variant Ib. « Ce n'est que récemment que nous avons découvert le clade Ib, qui se propage rapidement (...) mais nous ne sommes pas encore sûrs de sa gravité », rapporte un porte-parole de l’OMS lors d’un point presse le 20 août. « Le Mpox n'est pas le nouveau Covid », s’emporte son directeur Europe, Hans Kluge.
De son côté, la direction générale de la santé (DGS) rapporte que « les observations actuelles de l’épidémie de clade I en Afrique centrale font apparaître une létalité et une virulence supérieures à l’épidémie de clade II que nous avons connue en Europe en 2022. »
Non, le virus ne se transmet pas uniquement par voie sexuelle
La transmission par contact sexuel est souvent mise en avant mais il existe d’autres modes de transmission :
- Un contact prolongé (à moins de 2 mètres pendant 3 heures) par les sécrétions respiratoires (postillons et microgouttelettes projetés dans l’air lors d’un échange avec une personne) ;
- Un contact avec des objets ou du linge contaminés ;
- Tout contact étroit et direct via les lésions cutanées (plaies, croûtes), les fluides corporels (sang, salive, sperme), ou les muqueuses (bouche, anus, orifices naturels produisant du mucus).
Combien de temps le patient est-il contagieux ?
La période de contagiosité commence dès l'apparition des premiers symptômes et jusqu’à la cicatrisation des lésions.
Vers qui orienter le patient ?
Les personnes avec des symptômes évocateurs d’une infection à Mpox doivent consulter leur médecin traitant ou, en cas de difficulté, peuvent appeler le SAMU-Centre 15 pour être orientées. Le dépistage est également possible en Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic).
L’Agence régionale de santé (ARS) pilote le suivi et organise le contact tracing.
Que doivent faire le malade et ses proches ?
S’isoler ! L’isolement à domicile (masque chirurgical, éviter les contacts physiques avec d’autres personnes, aération, pas de partage d’objets, portage de gants, désinfection) se poursuit 3 semaines à partir de la date de début des symptômes mais peut être levé après avis médical, après 14 jours en cas de guérison (cicatrisation de toutes les vésicules avec chute des croûtes).
Une surveillance du patient ou autosurveillance doit être assurée en lien avec l’ARS.
Les antiviraux sont-ils efficaces ?
La prise en charge est ambulatoire, généralement. Le traitement est symptomatique. Les anti-inflammatoires (AINS, corticoïdes, aspirine) sont contre-indiqués en raison de la possibilité de survenue de complications infectieuses graves cutanées, pulmonaires, ORL neurologiques…
Les antiviraux sont instaurés en établissement pour les cas de forme grave. Le tecovirimat, indiqué en première intention, fait partie du stock d’État stratégique, il ne passe pas par le circuit officinal.
Les résultats avec le tecovirimat s’avèrent cependant décevants sur le clade Ib : selon une récente étude co-menée par le Nation institutes of health (NIH) américain, l’antiviral n'a pas réduit la durée des lésions de Mpox chez les enfants et les adultes atteints de ce variant en République démocratique du Congo.
Le vaccin : pour qui ?
Le ministère de la Santé vient de saisir la Haute Autorité de santé (HAS) pour mettre à jour, d’ici fin août, ses recommandations vaccinales.
Aujourd’hui, la HAS recommande une vaccination en post-exposition autour d’un cas confirmé avec administration d’un vaccin de 3e génération (Imvanex ou Jynneos) dans les 4 jours après le contact à risque, au maximum 14 jours.
En pré-exposition, le vaccin est recommandé aux personnes identifiées comme contacts à risque : les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle ; les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) ; les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ; les travailleurs du sexe ; les personnes travaillant dans les lieux de consommation sexuelle).
Qui vaccine ?
La vaccination en ville n’est pas possible aujourd’hui pour des raisons logistiques : le vaccin Mpox ne se conserve que 14 jours au réfrigérateur. Les stocks appartenant à l’État, un flux logistique d’environ une semaine incompressible est nécessaire pour alimenter les professionnels de ville. Trop court, selon le ministère de la Santé.
« 232 sites de vaccination sont d’ores et déjà ouverts à travers le territoire. Et de nombreux autres seront disponibles », affirmait le 20 août Gabriel Attal. Une liste des lieux de vaccination par département, dont les Cegidd, est disponible ici.
Plus d’info
La ligne téléphonique « Mpox Info Service » est ouverte tous les jours de 8h à 23h : 0 801 90 80 69 (numéro Vert, appel et services gratuits, anonyme et confidentiel).
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