À l’occasion d’un point d’étapes sur les ruptures qui touchent le paracétamol et l’amoxicilline, les pouvoirs publics ont rappelé l’importance des mesures mises en place pour atténuer leur impact. Parmi celles-ci, la recommandation aux pharmaciens de prioriser la dispensation à l’unité pour l’amoxicilline dès que cela est possible ne remporte pas le succès escompté par le gouvernement.
Ce n’est pas une surprise, la profession ne s’est jamais montrée favorable à la dispensation à l’unité (DAU), cette mesure mise en place cette année contre son gré mais restée facultative. Mais alors que les tensions sur l’amoxicilline, seule ou en association avec l’acide clavulanique, ont pris de l’ampleur, les autorités ont appelé les pharmaciens à appliquer cette DAU dès que celle-ci est possible. Une recommandation communiquée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) le 18 novembre dernier, et depuis, régulièrement rappelée, que ce soit par le ministre de la Santé, François Braun, lors de déclarations publiques, ou encore tout dernièrement par le biais d’un message de la Direction générale de la santé (DGS).
Malgré ces appels du pied face à des tensions d’approvisionnement inédites, les confrères ne semblent pas s’être emparés de la DAU. À la question de savoir combien de DAU ont été pratiquées depuis le 18 novembre ou combien de pharmacies jouent le jeu, la réponse du cabinet du ministre de la Santé reste floue. « La dispensation à l’unité rencontre quelques difficultés à se déployer. C’est un dispositif intéressant en complément de la stratégie mise en place, mais nous sommes conscients du fait qu’en pratique, au quotidien pour le pharmacien, cela nécessite de se structurer car c’est une mesure nouvelle. Nous allons refaire un point avec l’Ordre et les syndicats de pharmaciens pour voir comment optimiser ce dispositif. »
Mais du côté de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), la DAU n’est définitivement « pas la solution » aux ruptures d’amoxicilline. D’autant que, rappelle son président Pierre-Olivier Variot, « les syndicats n’étant pas favorables à la DAU, les éditeurs de logiciels n’ont pas fait les développements nécessaires permettant la facturation de cet acte dans les logiciels métier ». De plus, les tensions d’approvisionnement concernent principalement les formes pédiatriques, et en particulier les formes buvables qui ne peuvent faire l’objet d’une dispensation à l’unité.
Bonne nouvelle néanmoins, la situation s’améliore en ce qui concerne les stocks industriels d’amoxicilline, en cours de reconstitution, mais les répercussions sur le circuit de distribution demandent du temps. Pour l’heure, toutes les mesures instaurées par le ministère de la Santé et l’ANSM en lien avec les sociétés savantes et les professionnels de santé restent en place : contingentement strict à 50 %, pas de vente directe, incitation aux prescriptions parfaitement appropriées et limitées à 5 jours dans un grand nombre de pathologies, TROD angine systématique, adaptation posologique des formes adultes aux besoins pédiatriques, et donc DAU pour les formes sèches. « Pour rappel 90 % des antibiotiques sont délivrés en ville en France, c’est donc là que nous agissons avec toutes les recommandations et les rappels de bon usage », indique l’ANSM.
Quant aux tensions sur le paracétamol, elles persistent sur les formes pédiatriques (solutions buvables et suppositoires), elles sont plus modérées sur les formes orales adultes et ne touchent pas les formes injectables. « La situation est toujours complexe et mettra du temps à se normaliser sur les formes pédiatriques, même si nous avons demandé aux fabricants de les prioriser », ajoute l’ANSM. De plus, il n’est pas impossible que les mouvements sociaux ayant touché plusieurs usines de Sanofi en France aient eu un impact sur la production de paracétamol. Mais selon le ministère, cet impact n’est pas mesurable à ce stade et le groupe français évoque plutôt des conséquences sur des présentations destinées à l’étranger. Ce qui est certain c’est que la demande en paracétamol est en forte augmentation cette année (+13 %) après plusieurs années de stabilité. « Il y a un vrai décrochage depuis octobre, précise l’ANSM, les pharmacies ont délivré plusieurs dizaines de milliers de boîtes supplémentaires sur la période. »
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