Pour ses dix ans d'existence, l'éco-organisme DASTRI aurait pu souhaiter une situation plus sereine. Depuis le 31 août, l'État a cessé de subventionner la collecte des DASRI professionnels qu'il avait assurée pendant la pandémie à hauteur d'environ 3 millions d'euros sur deux ans.
Résultat, la collecte des déchets d'activités de soins à risques infectieux (DASRI) produits par la vaccination et le dépistage du Covid en officine ne sont plus pris en charge. Selon le code de la santé publique, il revient à chaque titulaire d'organiser lui-même l'élimination de ces déchets. Car aucun accord n'a pour l'heure abouti entre les représentants de la profession, qui ont dénoncé au 31 décembre la convention avec l'éco-organisme, lequel proposait un tarif annuel de 150 euros, refusé par les syndicats. Les pourparlers sont toujours en cours et une solution pourrait être trouvée avant Noël. Car la situation devient précaire, tandis que les déchets de la vaccination grippe et Covid ainsi que des TAG s'amoncellent. Sans compter qu'en 2023 l'extension de la vaccination produira des déchets supplémentaires (1).
Les officinaux, clé du succès
Passant outre le mot d'ordre des syndicats qui appelait à l'attentisme, 1 500 officines ont signé une convention individuelle avec DASTRI jusqu'à la fin de l'année pour continuer à bénéficier de ses services, moyennant un tarif de 50 euros. Les autres se contentent de stocker en attendant qu'un compromis soit trouvé, quand d'autres se sont rapprochées d'opérateurs locaux. Les syndicats sauront-ils se faire entendre dans les négociations ? Ils estiment en effet que, pour le service rendu par la collecte des DASRI patients, les pharmaciens pourraient être débarrassés gracieusement de leurs DASRI professionnels.
Une position que comprend l'éco-organisme qui sait combien la filière doit son succès aux relations de proximité qu'entretiennent les officinaux avec leurs patients. C'est d'ailleurs fort d'un taux de collecte qui atteint 81 % (2) que DASTRI se projette dans de nouveaux projets. Ainsi, dès l'année prochaine, l'éco-organisme disposera de son propre site de séparation et de recyclage des e-DASRI. Jusqu'à présent, ces DM électroniques collectés dans la boîte violette étaient traités en Suisse. Le produit de la collecte de janvier alimentera donc cette unité située à Besançon.
DASTRI souhaite également s'investir dans le recyclage des stylos réutilisables, une technologie pour l'instant exclusivement expérimentée par le Laboratoire Novo Nordisk. Enfin, toujours dans l'innovation, DASTRI s'est fixé pour projet de rendre réutilisables les boîtes patients de collecte. Reste à déterminer la technique pour les vider dans un contenant en vrac de manière automatisée, sécurisée et sans contact. Ce nouveau process aurait pour autre avantage de limiter l'emprise au sol dans les officines. Aujourd'hui, un carton de 50 litres contient environ seulement 12 de ces petites boîtes jaunes.
(1) Soit 7,8 millions de vaccins (5 millions grippe, 2 millions Covid, 800 000 autres) estimés sur la base du rapport charges et produits de l'assurance-maladie.
(2) Taux de collecte fixé à 85 % en 2025 pour les DASRI conventionnels, à 50 % en 2023 pour les e-DASRI.
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