Après dix années de présidence à la tête de l'USPO, Gilles Bonnefond cède sa place à Pierre-Olivier Variot, élu à la tête du syndicat pour 3 ans, le 18 mai, avec 59 voix sur 65 votes (6 abstentions).
« Il y a deux ans, j'avais dit que je ne briguerai pas d'autre mandat », a rappelé Gilles Bonnefond qui aura donc tenu parole.Le désormais ex-président du syndicat « ne part pas en vacances », néanmoins. Il restera proche du nouveau président, avec qui il travaille depuis déjà 4 ans et « filera un coup de main sur le terrain », notamment pour former les jeunes qui veulent s'engager dans le syndicalisme. Gilles Bonnefond ne sera donc jamais très loin et a notamment prévu de continuer à assister aux réunions de négociations menées avec l'assurance-maladie.
Un syndicat, deux constats
Le pharmacien de Montélimar ne va donc pas se retirer de la vie syndicale et le mandat de son successeur, jusqu'alors vice-président du syndicat, s'inscrira « dans la continuité ». En décidant de ne pas se représenter cette année, Gilles Bonnefond referme tout de même un chapitre long de dix ans depuis sa première élection à la présidence de l'USPO, en 2011. Un syndicat dont il fut l'un des membres fondateurs dix années auparavant. « On avait le sentiment que le syndicalisme officinal s'était endormi. Les syndicats en place subissaient les décisions, il n'y avait pas vraiment d'anticipation, ni de propositions… c'est le premier constat qui nous a motivés à créer l'USPO », rappelle Gilles Bonnefond. « À cette période, notre profession était attaquée de toute part. Par la GMS, à cause de la banalisation du médicament et parce que le métier de pharmacien était en perte de visibilité. Nous étions cantonnés à un rôle de distributeur de boîtes, c'est le deuxième constat que nous faisions alors. On se trouvait sur une ligne de crête : soit nous choisissions le camp du commerce, soit nous mettions le cap vers une mission de professionnel de santé », résume-t-il.
Le camp du professionnel de santé
Durant les vingt années qui se sont écoulées depuis la création du syndicat, le métier de pharmacien va en effet se réinventer. « L'ADN de l'USPO c'est faire comprendre à nos interlocuteurs que l'on ne peut pas se passer du pharmacien, qu'il est un professionnel de santé qui fait partie intégrante de l'équipe de soins primaires. » Vaccination, dépistage, coordination des soins, pharmacien correspondant, accompagnement des patients, suivi des personnes âgées, intégration des nouvelles technologies… autant de nouveaux aspects de la profession pour lesquels se sera battu Gilles Bonnefond au cours des dernières années. « Cela n'a pas été un travail facile, lorsque l'on parlait de certaines choses il y a dix ans on "décoiffait", mais avec l'Ordre et les étudiants nous sommes parvenus à convaincre Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, d'inscrire précisément la définition du métier de pharmacien dans la loi*. ». L’une de ses plus grandes satisfactions.
Dans les années plus récentes, ce sont les négociations avec l'assurance-maladie, notamment autour de l'avenant n° 11, qui vont lui demander le plus d'énergie. « Il fallait adopter un mode de rémunération qui soit cohérent avec le bon usage du médicament. Cette réforme a été un succès, la marge du pharmacien s'est améliorée et cela nous a permis de bien résister à la crise du Covid », estime-t-il. Si le désormais ex-président de l'USPO est très satisfait d'avoir mené ce combat à son terme, ce qui le rend le plus fier aujourd'hui c'est « entendre des doyens d'université dire que la filière officine se remplit, qu'elle attire de plus en plus et qu'elle est de moins en moins souvent choisie par défaut ». Les évolutions qu'a connues la profession ces dernières années ont en effet « renforcé son attractivité auprès des jeunes », souligne Gilles Bonnefond, même s'il le reconnaît lui-même : « le travail n'est pas fini ».
Un regret ?
Avant de passer le témoin à Pierre-Olivier Variot, Gilles Bonnefond ne nourrit pas réellement de regrets lorsqu'il regarde sa mandature dans le rétroviseur. À part un peut-être. « Nous nous sommes battus pour que l'USPO soit un syndicat représentatif malgré l'opposition des autres syndicats qui n'ont pas vu d'un très bon œil notre arrivée il y a vingt ans. Aujourd'hui, les relations avec l'autre syndicat (la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) sont toujours tendues. Certains calculs politiques nous ont souvent empêchés d'aller plus loin et c'est dommage », regrette-t-il.
* La loi HPST de 2009.
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