Complications

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Publié le 18/04/2017
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Les complications neurologiques associées à l'infection par le ZIKV n'ont été repérées que tardivement, au Brésil, bien que le tropisme du virus pour le système nerveux central ait été démontré dès 1952 sur la souris, lorsqu'il fut noté qu'il pouvait entraîner une dégénérescence des neurones et des cellules gliales avec possible porencéphalie.

Microcéphalie

Au Brésil, une recrudescence de cas de microcéphalies fœtales ou néonatales a été identifiée en 2015 chez les nouveau-nés dont les mères avaient été infectées par le ZIKV alors qu'elles étaient enceintes (4 180 cas vs 147 en 2014) : en mars 2016, des chercheurs ont pour la première fois confirmé l'existence d'un lien biologique entre ce virus et ces anomalies du développement crânien et encéphalique. En juillet 2016, un bébé porteur d'une microcéphalie associée au ZIKV est pour la première fois né en Europe, à Barcelone : sa mère avait contracté le virus lors de sa grossesse pendant un voyage en Amérique Latine. Les autorités sanitaires d'Argentine ont annoncé en novembre 2016 le premier décès d'un nourrisson atteint de microcéphalie provoquée par le ZIKV. Le Brésil est aujourd'hui le pays qui compte le plus de cas de microcéphalies potentiellement liées au virus (2033 en novembre 2016), suivi par la Colombie (46 cas).

Les données de l'épidémie Zika survenue entre 2013 et 2014 en Polynésie française suggèrent que le risque de microcéphalie serait de l'ordre de 1 % pour un fœtus ou un nouveau-né dont la mère a été infectée par le ZIKV durant le premier trimestre de la grossesse, contre 0,02 % en temps normal. Ce niveau de risque reste faible par rapport à d'autres types d'infections virales (lorsqu'une femme enceinte est infectée par la rubéole durant le premier trimestre de la grossesse, le risque de complication grave est supérieur à 40 %), mais le nombre de sujets infectés durant une épidémie de fièvre Zika peut dépasser 50 % de la population, d’où la nécessité de prendre des mesures de protection efficaces.

Par précaution, et pour mieux surveiller les femmes enceintes ainsi que la croissance du fœtus, les futures mamans vivant dans les zones françaises affectées par la fièvre Zika bénéficient d’une échographie mensuelle, qu'elles aient contracté ou non le ZIKV. En cas de découverte à l'échographie d'anomalies congénitales, un bilan est effectué pour en définir la cause : la future maman est alors orientée vers un Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN) pour une évaluation étiologique et pronostique de l'affection fœtale.

Le ZIKV est désormais suspecté d'être également impliqué dans la survenue de cas d'arthrogrypose. Sept nourrissons brésiliens dont les mères avaient été infectées par ce virus durant leur grossesse ont été touchés en 2016 par cette maladie neuromusculaire congénitale caractérisée par des déformations et des raideurs articulaires mais également par des anomalies neurologiques centrales. Il est possible que le ZIKV, dont le neurotropisme est connu de longue date, ait pu provoquer des anomalies neurologiques entraînant l'arthrogrypose : des études complémentaires sont en cours.

Syndrome de Guillain-Barré

L’infection par le ZIKV était tenue comme bénigne et spontanément résolutive en quelques jours jusqu’à l’épidémie de Polynésie française où elle a été associée à la survenue de 42 cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB), dont 9 ont requis une assistance respiratoire. Il n’y a pas eu de décès. Depuis, en Amérique du Sud notamment, l'infection par le ZIKV est de proche en proche associée au développement d'un SGB : ce dernier pourrait être favorisé par une co-infection avec le CHIKV ou avec le DENV.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3343