PLUS DE CINQUANTE vaccins ou conjugaisons de vaccins sont aujourd’hui à la disposition de la population française, mais les récentes flambées épidémiques de rougeole et de coqueluche en France ont mis en évidence une réalité alarmante : les Français se vaccinent de moins en moins et ils oublient trop souvent de pratiquer leurs rappels. L’insuffisance de couverture vaccinale s’accentue avec l’âge et reste plus marquée pour certains vaccins : coqueluche, hépatite B, méningocoque C, vaccin HPV, rattrapage ROR, rappel pneumocoque. Tout médecin devrait contrôler régulièrement l’état de vaccination de ses patients.
Cinq vaccinations passées au crible.
- Nicole Guiso, de l’Institut Pasteur de Paris, insiste sur l’urgence de la couverture vaccinale contre la coqueluche : « il n’y a pas de recrudescence de la maladie mais un déplacement de l’âge auquel on la contracte. On a longtemps pensé que c’était une maladie pédiatrique touchant les enfants âgés de 3-4 ans, on sait aujourd’hui que les adultes et les petits nourrissons peuvent l’attraper. En effet, ni le vaccin ni la maladie ne protègent l’individu à vie, l’immunité vaccinale ne dure qu’une dizaine d’années, d’où la nécessité de faire des rappels chez les adolescents et les adultes pour protéger les petits bébés non encore vaccinés. »
- Autre point alarmant : le nombre de cas d’hépatite B en France a doublé en dix ans. Les polémiques hexagonales mettant en cause le vaccin dans l’apparition de cas de sclérose en plaques (SEP) ont rendu les Français méfiants, et la France a la plus mauvaise couverture vaccinale des pays industrialisés. La maladie progresse rapidement à partir de 15 ans et il ne faut pas cibler uniquement les groupes à risque. « Il existe des vaccins très immunogènes et très efficaces, en particulier chez les jeunes enfants, qui confèrent une protection à vie : même si le taux sérique devient insuffisant, le vaccin laisse une mémoire immunitaire efficace », rappelle le Pr François Denis du CHU de Limoges. Malheureusement, si la vaccination des nourrissons commence à combler son retard, la politique de rattrapage chez les adolescents est mal suivie, quatre sur dix seulement sont correctement protégés.
- En raison de la réapparition de cas de rougeole en France, les recommandations ont été revues en 2009 : tous les enfants et les adolescents non vaccinés doivent recevoir deux doses de vaccin ROR, à au moins un mois d’intervalle. En fait, l’immunité acquise après la première est de longue durée et la deuxième vaccination ne correspond pas à un rappel, elle constitue un rattrapage pour ceux n’ayant pas séroconverti pour un ou plusieurs des antigènes lors de la première.
- Si la méningite virale est fréquente et d’évolution favorable, en revanche, la méningite bactérienne représente une urgence médicale : elle est rapide et brutale et elle est responsable de 10 % de décès. La bactérie a un réservoir uniquement humain, elle est variable, se localise dans la gorge et elle se transmet facilement. Les souches B et C ont une virulence très forte et la souche B a un pic de fréquence chez les 12 à 24 mois et les 15 à 24 ans. Cette dernière tranche d’âge représente les taux de portage les plus élevés au niveau de la sphère nasopharyngée et le potentiel de transmission est important. Le Haut Comité de Santé Publique a émis en 2009 des recommandations relatives à la vaccination contre le méningocoque C : « on pratique une immunité de groupe avec une vaccination généralisée et systématique avec une seule dose, à partir de 12 mois et jusqu’à l’âge de 24 ans révolus, précise Muhamed-Kheir Taha Institut Pasteur de Paris. Cette politique va limiter la propagation de la maladie mais, en France, la couverture vaccinale reste insuffisante chez les adolescents. »
- Les papillomavirus HPV sont transmis au cours des relations sexuelles même s’il n’y a pas pénétration, et les jeux sexuels sont source de contamination. Il existe deux vaccins non interchangeables parfaitement validés, mais la remise en cause récente du plan de gestion des risques a fait chuter la vaccination de 28 % chez les jeunes filles. Il faut restaurer la confiance et réhabiliter la vaccination en association avec le dépistage par frottis.
Le Pr François Denis du CHU de Limoges regrette que la vaccination soit recommandée pour les jeunes filles à partir de 14 ans, « la tranche d’âge 9-11 ans aurait été plus appropriée pour un suivi sous le contrôle d’un pédiatre éventuellement, et une vaccination à cet âge éviterait d’effrayer les jeunes filles au moment de la sexualité, juste avant leur première relation. »
Article précédent
Grippe : comment traquer le bon virus
Article suivant
Vaccination de demain : adieu l’aiguille
Les virus de la grippe, saison après saison
Le B. A. BA de la vaccination
« Comment naît une recommandation vaccinale »
Bientôt des vaccins anti-cancer ?
Développer l’immunisation autrement
Les vaccins du futur.
Quelques notions de virologie
Vrai/faux sur la vaccination
Grippe : comment traquer le bon virus
Des trous dans la couverture vaccinale des Français
Vaccination de demain : adieu l’aiguille
Les aide-mémoire du pharmacien
Une réponse thérapeutique atypique.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques