Les pharmaciens s’impliquent de longue date dans le dépistage du diabète. Cette activité a pris une nouvelle dimension depuis la parution de l’arrêté du 1er août 2016, qui autorise le pharmacien à pratiquer des tests de glycémie capillaire lors de campagnes de prévention du diabète*. C’est dans ce cadre que six Unions régionales de professionnels de santé (URPS) d’Île-de-France ont lancé le projet diabète, en partenariat avec l’agence régionale de santé (ARS), impliquant les chirurgiens-dentistes, les masseurs-kinésithérapeutes, les orthoptistes, les pédicures-podologues, les pharmaciens et les sages-femmes. Si tous ces professionnels de santé sont impliqués au quotidien, ce sont bien les officines qui sont appelées à relever le défi de la campagne de dépistage : réaliser 30 tests de glycémie capillaire par pharmacie au cours du mois de novembre.
À raison de 350 officines de région parisienne qui se sont portées volontaires, l’objectif actuel est de 10 500 tests à réaliser. A minima. D’abord parce que les inscriptions pour participer à cette campagne restent ouvertes, le nombre d’officines participantes pourrait donc augmenter en cours d’opération. Ensuite, parce que l’URPS Pharmaciens a choisi de motiver les confrères en offrant, dans chacun des départements franciliens, une formation « nutrition et diabète » à la pharmacie qui aura réalisé le plus grand nombre de dépistages. Car l’urgence est grande : « 700 000 diabétiques s’ignorent ».
Outil d’accompagnement
Pour encadrer le projet, l’URPS Pharmaciens a mis en place le site Internet www.expertisepharmadiabete.fr qui permet aux pharmaciens de s’inscrire, d’être informés des soirées interprofessionnelles, des journées d’animation et du détail de cette campagne de dépistage qui a débuté le 2 novembre. Dès son inscription, le pharmacien reçoit son kit de campagne comprenant des outils de communication (affiches, dépliants), le matériel de dépistage (bandelettes, autopiqueur, lancettes) et les documents obligatoires prévus par l’arrêté du 1er août 2016 (lettres de suivi patient, procédure assurance qualité, carte de coordination et lettre d’engagement). Ce site est aussi un outil d’accompagnement du pharmacien pendant chaque dépistage, dont les résultats sont comptabilisés en temps réel. Il permet d’évaluer les facteurs de risques, de réaliser le test et de conseiller une prise en charge adaptée. Il est aussi possible d’éditer instantanément les documents à remettre aux patients à l’issue du dépistage comme le récapitulatif des résultats et la lettre destinée au médecin. Enfin, le site permet de suivre l’entrée dans un parcours de soins des patients dépistés ayant un taux de glycémie capillaire anormalement élevé grâce à un système de lettre T numérotée et anonymisée.
États généraux
Cette opération d’envergure régionale sera soutenue par le lancement, le 14 novembre, des premiers « États généraux du diabète et des diabétiques » par la Fédération française des diabétiques (FFD), qui dureront jusqu’au 14 novembre 2018. Face à la progression de la pathologie (+2,9 % par an) et de la gravité de ses complications, la FFD appelle à une mobilisation générale « en faveur d’une prise en charge globale de la prévention à l’accompagnement en passant par l’éducation thérapeutique dans un parcours de soins coordonné ». Une plateforme participative, www.egdiabete.fr, sera ouverte le 14 novembre pour permettre à tous les acteurs de s’exprimer sur 10 thématiques. L’association prévoit également des réunions et auditions publiques, un forum, un atelier citoyen, des enquêtes patients, etc.
Les groupements de pharmaciens sont aussi à pied d’œuvre dans le dépistage du diabète. Outre ceux qui s'inscrivent directement dans la démarche inter-URPS d'île de France, tel Pharmavie, d'autres impliquent les confrères dans l’accompagnement du patient diabétique tout au long de l'année. C'est le cas des pharmaciens Giphar qui proposent des rendez-vous santé axés sur le diabète de type 2, sous la forme d’un questionnaire de dépistage, accompagné au besoin d’un contrôle de glycémie. Un choix suivi également par le groupe Pharmacie Référence, dont les pharmaciens proposent un contrôle de glycémie par autotest sans rendez-vous, ainsi que des entretiens pharmaceutiques sur le diabète sur rendez-vous. La même formule se retrouve chez les pharmaciens Giropharm et Pharmactiv qui mettent l’accent en novembre sur les rendez-vous santé qu’ils proposent toute l’année aux patients diabétiques. Les groupements de taille plus modeste s'y mettent également, comme Hexapharm qui propose un dépistage du 13 au 18 novembre. Cette offre d’accompagnement systématique chez la plupart des pharmaciens prouve, s’il en était besoin, que l’implication auprès des patients diabétiques est historique et rodée.
* L’annulation, le 8 avril 2014 par le Conseil d’État, de l’arrêté autorisant à pratiquer des tests d’orientation diagnostic remet en cause l’implication des pharmaciens dans le dépistage du diabète. Les pharmaciens retrouvent le droit de pratiquer les tests glycémiques dans un nouvel arrêté d’août 2016, qui précise que ces tests peuvent être réalisés uniquement dans le cadre d’une campagne de prévention du diabète.
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