L’insuffisance cardiaque touche environ 15 millions de personnes en Europe, avec quelque 10 000 cas diagnostiqués chaque jour. En France, elle représente la première cause d’hospitalisation des plus de 60-65 ans et reste une cause de mortalité fréquente. Elle correspond à une incapacité du cœur à maintenir un débit cardiaque adéquat.
Il existe deux types d’IC, déterminés selon la valeur de la fraction d’éjection (FE), en rapport avec la contraction du ventricule gauche pour éjecter la quantité de sang qu’il contient à chaque pulsation. Ainsi, on distingue les IC à FE altérée ou réduite (FE ‹ 50 %) également appelées IC systoliques, et les IC à FE préservée (FE› 50 %) ou IC diastoliques.
De nombreux facteurs peuvent endommager le cœur et conduire à développer une IC. Environ la moitié des patients souffrent de la forme à fraction d’éjection réduite. La coronaropathie (rétrécissement des vaisseaux sanguins qui alimentent le cœur) est la cause d’environ deux tiers des IC systoliques. Une crise cardiaque, l’hypertension et le diabète contribuent également au développement de cette pathologie.
Les mécanismes neuro-hormonaux sont considérés comme essentiels dans la physiopathologie de l’IC. L’activation de certains d’entre eux, tels que le système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) et le système nerveux sympathique est délétère, leur inhibition est à la base du traitement de l’IC.
Parallèlement, le système des peptides natriurétiques a un effet bénéfique sur le rein en augmentant notamment la diurèse, la natriurèse, le débit de filtration glomérulaire, et en favorisant le débit cardiaque et la vasodilatation. Les traitements actuels ont pour but d’améliorer la qualité de vie, de prévenir les épisodes de décompensation, de réduire le nombre et la durée des hospitalisations, ainsi que la progression de la maladie et la mortalité.
Le traitement standard de l’IC à FE réduite comprend toujours un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) en première intention, et un bêtabloquant indiqué dans l’IC. En cas d’intolérance aux IEC, les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 (ARA II) peuvent être prescrits, en association avec les bêtabloquants et/ou les diurétiques. Bien que ces traitements aient amélioré le pronostic, cette pathologie cardiaque reste une maladie mortelle.
Un mécanisme d’action innovant
Entresto associe deux molécules agissant simultanément sur deux cibles distinctes. Le valsartan est un ARA II qui bloque les récepteurs de l’angiotensine II, et le sacubitril est le premier représentant d’une nouvelle classe de médicaments appelés inhibiteurs de néprilysine : en bloquant cette enzyme, il améliore les systèmes de protection neuro-hormonale du cœur.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) a recommandé son autorisation de commercialisation pour le traitement des adultes présentant des symptômes d’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite. Cette décision s’est appuyée sur les résultats d’une étude de phase III sur plus de 8 000 adultes, ce qui correspond à la phase la plus avancée au niveau des essais cliniques.
L’essai contrôlé randomisé multicentrique a conclu que ce médicament réduisait de manière significative le risque de décès par rapport aux traitements standards à base d’énalapril (IEC). Les résultats montrent que ce nouveau traitement diminue de 21 % le nombre d’hospitalisations et réduit de 20 % le nombre de décès cardio-vasculaires.
Bien que les patients inclus dans l’essai aient été précédemment traités avec des ICE ou ARA II, le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) a conclu qu’un avantage similaire pouvait être attendu chez les patients non précédemment traités avec ces médicaments. Entresto ne pourra être prescrit que dans les formes d’IC à fraction d’éjection réduite. Les effets secondaires les plus communs rapportés sont l’hypotension, une hyperkaliémie et une insuffisance rénale.
À ce jour, le médicament est non remboursable et non agréé aux collectivités (demande d’admission en cours). Dans l’attente de la publication au « Journal officiel » de son prix et de son remboursement, il est pris en charge selon les conditions définies par l’article L.162-16-5-2 du code de la Sécurité sociale. Pour les patients déjà traités en ATU de cohorte, la prise en charge se poursuivra dans le cadre de l’article 48.
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