L'acétate de cyprotérone (Androcur) multiplie par 7 le risque de méningiome chez des femmes traitées à fortes doses avec ce médicament pendant plus de 6 mois, selon une étude menée par l'assurance-maladie et le service de neurochirurgie de l'hôpital Lariboisière.
Cette étude, dont les résultats complets seront publiés dans les mois à venir, permet de quantifier un phénomène déjà suspecté. En effet, dès 2009, la France alertait l'Agence européenne des médicaments (EMA) sur le risque potentiel de méningiome en lien avec la prise d'acétate de cyprotérone. Ce risque est ainsi mentionné depuis 2011 dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP).
L'étude, qui porte sur 250 000 femmes exposées au traitement et suivies pendant 8 ans (durée moyenne de 3 ans), met en évidence une relation dose-effet. En comparaison à des femmes exposées à de faibles doses et qui ont arrêté le traitement, le risque de méningiome est augmenté par 20 chez des femmes exposées à une dose cumulée supérieure à 60 g (soit plus de 5 ans de traitement). L'âge est un facteur de risque supplémentaire.
Si les méningiomes sont majoritairement bénins, « les méningiomes liés à l’acétate de cyprotérone sont souvent multiples et peuvent, en grossissant, être à l'origine d'un déficit fonctionnel important, de symptômes sévères comme des troubles visuels », explique le Pr Froelich, chef du service de neurochirurgie de Lariboisière. En revanche, les méningiomes régressent dès l'arrêt du traitement. « Ce qui est un élément en faveur d'un lien de cause à effet très fort », note le Pr Froelich.
Les résultats de cette étude ont conduit l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à mettre en place un Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) constitué d'endocrinologues, de gynécologues, de neurochirurgiens et de dermatologues. Ce comité s'est réuni pour la première fois en juin dernier. De nouvelles recommandations devraient être mises à la disposition des professionnels de santé d'ici à la fin de l'année.
En attendant, le Dr Isabelle Yoldjian, cheffe de pôle des médicaments en endocrinologie à l'ANSM, appelle les prescripteurs à la prudence et à « réévaluer l'intérêt de cette spécialité, surtout si le produit est prescrit depuis plus de 5 ans ».
En France, 57 000 femmes seraient exposées à l'acétate de cyprotérone en 2017, selon l'ANSM.
Avec « le Quotidien du Médecin ».
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