Une huile essentielle est un produit de composition complexe, aux multiples propriétés, et extraite d'une plante aromatique soit par entraînement à la vapeur d'eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique sans chauffage. Elle est à différencier d'une essence qui est, elle, obtenue grâce à un mécanisme d'expression (broyage du péricarpe).
Les molécules aromatiques peuvent agir directement par une action toxique sur les pathogènes (déstructuration de la paroi), ou par un phénomène de mimétisme ou de stimulation du métabolisme, notamment du système immunitaire. Elles peuvent aussi agir indirectement par une activité anti-oxydante ou énergétique qui leur conférera une propriété tonique, anti-inflammatoire ou antispasmodique, ou bien par une action exogène (sur les aires olfactives par exemple) ou endogène (action neurologique, endocrinienne…). C'est la synthèse des propriétés de ses constituants qui va définir son indication thérapeutique. Elles s'utilisent par voie orale (maximum 8 gouttes par jour), par inhalation sèche ou humide, par voie cutanée, par diffusion (maximum 10 minutes toutes les 30 minutes) ou dans un bain (quelques gouttes dans une base neutre).
monoterpénols et phénols
Il existe deux grandes familles d'huiles essentielles dites « antibiotiques » : les monoterpénols et les phénols, plus agressifs.
Les monoterpénols ont un pouvoir anti-infectieux à large spectre et une action tonique :
- Le thym à linalol (Thymus zygis) qui est l'huile essentielle de thym la mieux tolérée, et l'anti-infectieux préféré pour les enfants (notamment en massage de la voûte plantaire).
- Le tea tree (Melaleuca alternifolia).
- La marjolaine à coquille (Origanum marjorana) : elle possède une forte action tonique psychique anti-fatigue utile lors d'une convalescence.
- La lavande aspic (Lavandula spica) utilisée pour ses propriétés fluidifiantes, expectorantes et mucolytiques. Elle ne s'utilise pas en diffusion car elle contient du camphre. Attention, elle contient de la 1,8 cinéole.
Les huiles essentielles à phénols sont des anti-infectieux et antibactériens très puissants, à large spectre et rapide d'action. Ce sont les huiles essentielles les plus efficaces mais aussi les plus toxiques : elles sont agressives pour la peau et les muqueuses et hépatotoxiques. Toutes ces huiles ne s'utilisent uniquement par voie orale et toujours associées à un hépato-protecteur : une huile essentielle à 1,8 cinéole (Rosmarinus officinalis) ou de l'essence de citron. Elles sont contre-indiquées lors de lésions hépatiques (hépatites, cirrhose), de reflux œsophagien, de gastrites, d'ulcère gastroduodénal, d'épilepsie et chez les enfants de moins de 7 ans.
Parmi ces phénols, nous retrouvons (du plus puissant au moins puissant) :
- L'origan (Origanum compactum).
- La cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum).
- Le thym à thymol (Thymus vulgaris).
- La sarriette des montagnes ou sarriette vivace (Satureja Montana).
Il existe une troisième grande famille qui est celle des huiles essentielles dites « antivirales » :
- Le ravintsara (Cinnamomum Camphora) est l'huile essentielle antivirale et antigrippale de référence. Elle est très utilisée et très efficace en traitement des rhumes hivernaux.
- Le niaouli : idem ravintsara.
- L'eucalyptus globulus est très utilisé dans les pathologies respiratoires grâce à ses actions fluidifiantes et expectorantes, notamment dans les bronchites. De même pour l'eucalyptus radié, de composition très proche, qui est le remède de référence pour les toux grasses et les pathologies à mucus (nez bouché, sinusite, otite séreuse, bronchite). Elle est recommandée chez l'enfant par voie cutanée autour du pavillon de l'oreille et du cou et en massage plantaire ou appliquée au niveau du thorax.
1,8 cinéole, efficace mais…
Ces huiles essentielles contiennent toutes une molécule appelée 1,8 cinéole aux propriétés fluidifiantes et stimulantes de l'organisme. Elle peut ainsi augmenter la métabolisation des médicaments en lien avec son action tonique hépatique et rénale, et entraîner des contre-indications pour l'utilisation de médicaments à marge thérapeutique étroite. Sa propriété tonique cérébrale est aussi à risque chez les patients épileptiques ou aux antécédents de convulsions.
D'autres huiles essentielles sont efficaces contre des pathologies ORL :
- Le romarin à 1,8 cinéole (Rosmarinus officinalis) utilisé notamment pour son action fluidifiante, mucolytique et décongestionnante respiratoire (toux grasses, rhinite, sinusite, otite). Elle ne s'utilise pas en diffusion.
- Le pin sylvestre (Pinus sylvestris) pour son efficacité antitussive sur les toux sèches non productives. C'est un antiseptique respiratoire et expectorant. Cette huile essentielle est très proche de celle du cyprès (Cupressus sempervirens) avec la même indication antitussive et une action supplémentaire réparatrice des muqueuses bronchiques.
- Le myrte rouge : mucolytique, expectorante et anti-infectieuse, indiquée dans la prise en charge de la toux mixte, grasse ou sèche, ainsi que dans les rhumes, sinusites, etc.
- Le laurier noble : expectorante, antivirale, antibactérienne et mucolytique.
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