En pharmacie, le soin de l'oreille est majoritairement assuré par les produits d'hygiène auriculaire et les solutions céruménolytiques. Tous deux, bien que dans des proportions différentes, ont pour fonction de dissoudre le cérumen, cette cire jaune produite par les oreilles qui a pour effet de lubrifier le conduit auditif et qui constitue une protection naturelle contre les bactéries.
Pour éliminer l'excès de cérumen et assurer l'hygiène régulière de l'oreille, de nombreuses personnes utilisent un bâtonnet ouaté qui peut tasser les sécrétions au fond de l'oreille et participer - en plus des squames et des impuretés agglomérées - à la formation d'un bouchon. C'est pourquoi les laboratoires ont développé des solutions à pulvériser dans l'oreille capables de fluidifier le cérumen et de faciliter son évacuation. Généralement commercialisés sous le statut de dispositif médical, ces sprays séduiraient un nombre croissant d'utilisateurs. « En 2017, 17 % des consommateurs se servaient d'un spray auriculaire pour nettoyer leurs oreilles, rapportent les Laboratoires Diepharmex. En 2018, ils étaient 22 % à en utiliser. » Auteur de la marque Audispray, le fabricant a articulé sa gamme afin de répondre aux besoins d'hygiène des grands et des petits : Audibaby, solution naturelle en unidoses, s'utilise de 0 à 3 ans ; enrichie en glycérol, la solution Audispray Junior est indiquée pour les enfants de 3 à 12 ans ; Audispray Adult est voué à l'hygiène et à la prévention des bouchons de cérumen ; Audilyse est un céruménolytique qui se destine à traiter le bouchon de cérumen formé ou en formation.
Segment moteur
Si la moitié de la population se nettoie les oreilles une fois par semaine, « les solutions en spray arrivent au second rang des techniques d'hygiène auriculaire à l'œuvre dans le grand public après le coton-tige », précisent les Laboratoires Diepharmex, qui rappellent l'importance d’une hygiène régulière des oreilles en prévention de la formation de bouchons de cérumen. Confiant dans l'avenir du segment, notamment celui des céruménolytiques dynamisés par les lancements et la prescription médicale, le fabricant indique que les dangers du coton-tige sont de plus en plus connus des consommateurs.
Pour Bausch & Lomb, « tout le monde n’est pas sensibilisé à une bonne hygiène des oreilles et beaucoup ne savent même pas que d’autres solutions, en dehors du coton-tige, existent. De ce fait, le marché a encore du potentiel de développement ». Leader du soin des oreilles avec le céruménolytique Cérulyse (AMM) et la solution d'hygiène Céruspray, le laboratoire référence aussi la solution émolliente Bloxoto destinée à apaiser les gênes et les démangeaisons du conduit auditif externe.
Quies, pour sa part, confirme l'évolution du segment des céruménolytiques en croissance depuis quelques années. Ces solutions qui visent à dissoudre les bouchons de cérumen déjà constitués occupent les deux tiers en volume des soins voués à l'hygiène de l'oreille. « Le segment des sprays d'hygiène auriculaire est, en revanche, moins performant. » La gamme Quies abrite trois références, le spray auriculaire Docuspray, utilisable dès 30 mois, le spray céruménolytique Doculyse, et le spray antidémangeaisons Docucalm. Les bâtonnets double action (coupelle/ouate) Otospoon viennent les seconder. « Les cure-oreilles pourraient se développer sous l'effet de la suppression annoncée des cotons-tiges en plastique et d'une certaine prise de conscience quant à la nécessaire limitation des déchets. » Le marché de l'hygiène auriculaire comprend également des formules comme A-Cérumen (Laboratoires Gilbert), solution colorée 2 en 1 destinée à l'hygiène et au traitement des bouchons de cérumen, Audiclean hygiène de l'oreille/bouchon de cérumen (Laboratoire de la Mer), le Spray auriculaire du Laboratoire Marque Verte, Physiomer Hygiène de l'oreille (Sanofi Aventis)…
Prévenir les acouphènes
Un autre segment du marché des produits pour oreilles connaît une tranquille mais constante progression. Il s'agit des protections auditives qui répondent au statut d'équipement de protection individuel (EPI), dont 50 % des ventes en volume sont générées par les bouchons en mousse. « Les protections en cire occupent 30 % du marché, les 20 % qui restent revenant au silicone et au plastique recyclable », précise la société Quies. Généralement voués à isoler du bruit en réduisant la quantité de décibels reçue par l'oreille, les bouchons jetables – mousse et cire – sont souvent utilisés pour faciliter le sommeil. Ils ont cependant d'autres fonctions. « On pense que les protections en cire répondent essentiellement à un usage domestique, alors que les bouchons en mousse sont aussi bien portés à la maison qu'à l'extérieur, notamment par un public jeune pour faciliter sa concentration à la bibliothèque ou en période de révisions, par exemple, ou pour se protéger des décibels lors d'un concert. » Un geste salutaire si l'on considère que les moins de 25 ans semblent être les plus touchés par les acouphènes, phénomènes pouvant résulter d'un traumatisme sonore. En effet, 56 % des 15-17 ans et 49 % des 18-24 ans déclaraient, lors de l'enquête Ifop-JNA 2018, réalisée à l'occasion de la 21e édition de la Journée nationale de l'audition 2018, en avoir déjà ressentis.
Plus préoccupant, parmi l'ensemble des individus souffrant d'acouphènes, les jeunes seraient plus concernés par une déficience auditive associée. « L'offre en matière de protection auditive est pourtant large aujourd'hui et capable de répondre à des besoins très différents, notamment ceux qui exigent de conserver une qualité sonore en diminuant l'impact des décibels. » Certaines protections réutilisables sont en effet équipées de filtres destinés à restituer le son dans son relief et sa musicalité tout en préservant l'audition. C'est le cas des protections auditives spécial musique de Quies. La marque propose aussi des références en silicone translucide, avec cordelettes qui peuvent être retirées et replacées rapidement, contre le barotraumatisme pour remédier aux changements de pression en avion, contre l'eau pour permettre aux personnes sensibles à l'eau, sujettes à otite ou aux porteurs de yoyos de se baigner. « La diversification de l'offre grâce au lancement de produits plus techniques permet de valoriser le marché en pharmacie. À partir du mois d'avril prochain, la production de tout EPI devra répondre à une norme plus exigeante au niveau du risque sonore », conclut-on chez Quies.
En pharmacie, premier circuit de distribution devant la GMS et le réseau des audioprothésistes, on trouve de nombreuses marques de protections auditives telles que Ear (3M Santé), Chutt Pocket (Prairial), Alpine (Alpine Hearing Protection), Bodyguard (Delatex)… Elles coexistent avec un autre segment du marché de l'oreille voué, cette fois, à soutenir l'audition.
Assistants d'écoute
Depuis août 2014, un arrêté ministériel autorise les « assistants d'écoute préréglés d'une puissance maximale de 20 décibels » à être vendus en pharmacie. Étudiés pour répondre aux troubles auditifs légers, ces appareils ne nécessitent pas d'adaptation et se destinent aux individus atteints de presbyacousie, la perte d'audition naturelle liée au vieillissement. « En France, dix millions de personnes souffrent de perte auditive et seulement 35 % d'entre elles sont appareillées selon Eurotrak 2015, indique le Laboratoire Urgo, détenteur de la marque Sonalto. Le prix des dispositifs d'aide auditive ou le manque de proximité avec un point de vente pénalise une grande part de cette population. » Des barrières que Sonalto a décidé de lever, notamment en investissant le circuit officinal qui assure à la marque une large distribution. « À ce jour, nous avons appareillé plus de 60 000 patients par le biais des 6 500 officines qui nous distribuent. »
Une formation à la presbyacousie et à l'utilisation du matériel de test de l'audition est assurée par Urgo qui, à l'occasion de la Journée nationale de l'audition, proposera des séances de dépistage dans les pharmacies partenaires. L'accompagnement du patient, quant à la manipulation de l'appareil et le renouvellement des embouts, sera également nécessaire pour une bonne utilisation de l'assistant d'écoute Octave de Sonalto. À pile ou rechargeable, l'appareil amplifie les fréquences aiguës, que les presbyacousiques entendent moins bien, jusqu'à 20 dB grâce à une molette de réglage. « On est au tout début de l'aventure et le marché est encore émergent mais nous enregistrons une croissance annuelle moyenne de 30 % de nos ventes depuis notre lancement en 2015. » D'autres appareils comme l'assistant d'écoute Quies Audio ou l'amplificateur de sons Louis Mon Aide Auditive (Évolupharm) sont également présents à l'officine.
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