MALADIES chroniques et pathologies hivernales ne font pas toujours bon ménage. En effet, ces pathologies peuvent être source d’aggravation, voire de décompensation aiguë en cas de diabète, d’asthme, de BPCO, ou encore en cas d’insuffisance cardiaque. Le premier message que l’équipe officinale doit prodiguer à ces clients particuliers relève du bon vieux dicton : « Mieux vaut prévenir que guérir ». Dans ce domaine, les conseils ne manquent pas : se laver les mains, aérer les pièces, nettoyer les surfaces potentiellement en contact avec le virus, éviter de s’approcher des personnes à risque… Il est également essentiel de rappeler l’intérêt de la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière et tous les cinq ans contre le pneumocoque chez les personnes à risque, qui en outre bénéficient d’une prise en charge de ces vaccins par l’assurance-maladie.
Insister sur l’observance.
Il peut être nécessaire d’insister sur l’intérêt d’une bonne observance médicamenteuse. Par exemple, expliquer au patient diabétique que le maintien d’une hémoglobine glyquée inférieure à 6,5, obtenue grâce au respect de la prise de ses antidiabétiques et à un régime alimentaire équilibré, permettra de limiter les risques de décompensation. En effet, l’altération de l’activité antimicrobienne des polynucléaires neutrophiles lors d’une hyperglycémie et l’amplification des phénomènes inflammatoires liés aux infections seraient à l’origine de cette possible décompensation.
« L’éducation thérapeutique a un rôle majeur dans ces pathologies chroniques, explique Alain Moalic, médecin généraliste, le patient doit être capable de repérer les symptômes ou facteurs qui peuvent être le signe d’une décompensation : les symptômes d’une hyperglycémie chez le diabétique, le recours plus fréquent à son traitement ß2 mimétique chez l’asthmatique ou le patient souffrant de bronchite chronique, l’aggravation d’une dyspnée d’effort ou l’apparition d’œdèmes des membres inférieurs chez l’insuffisant cardiaque. Pour ces patients, l’apparition d’une dyspnée, l’aggravation d’une toux, l’amplification de l’expectoration, a fortiori si elle est purulente, la survenue d’une fièvre, doivent pousser à consulter rapidement un médecin ». Celui-ci jugera alors de la nécessité de recourir à une antibiothérapie, d’associer temporairement une corticothérapie transitoire inhalée ou par voie générale dans la BPCO ainsi que chez l’asthmatique, d’intensifier un traitement antidiabétique, de majorer un traitement diurétique.
Une attention particulière.
Devant un patient qui tousse, le pharmacien devra toujours s’intéresser aux antécédents du malade. Chez le malade asthmatique qui tousse, il faut avoir une attention particulière car deux cas de figure se présentent. Tout d’abord, la toux peut être asthmatiforme : la respiration est sifflante et difficile et s’accompagne d’une toux spasmodique. Elle nécessite alors un traitement classique de l’asthme (ß2 mimétique ou corticoïde). Ensuite, le patient peut simplement souffrir d’une toux sèche banale dont les antitussifs constituent le plus souvent le traitement symptomatique. Autre exemple : chez le patient hypertendu pour lequel un traitement par IEC a été instauré, il faut avoir à l’esprit que cette toux a pu être déclenchée par l’IEC en question. Ne pas oublier non plus de conseiller toujours un sirop sans sucre au diabétique.
Attention aux contre-indications.
Côté médicaments, qu’ils soient prescrits ou conseillés à l’officine, les traitements des pathologies hivernales peuvent être contre-indiqués chez certains malades chroniques. À titre d’exemple, la pseudo-éphédrine (Contenue notamment dans Rhinadvil, Sudafed, Rhumagrip, Dolirhume, Actifed, Humex rhume…) est contre-indiquée en cas d’hypertension artérielle sévère ou mal équilibrée par le traitement, d’antécédents d’AVC ou de facteurs de risque susceptible de favoriser la survenue d’AVC et d’insuffisance coronarienne sévère. Parmi les molécules antitussives, la codéine (Poléry, Pulmosérum, Codédrill…), la pholcodine (Respilène), le dextrométhorphane (Tussidane), sont contre-indiqués en cas d’asthme ou d’insuffisance respiratoire.
Ces exemples démontrent bien que face à une demande banale de médicament contre une toux ou un rhume, il est indispensable de bien connaître les antécédents du malade afin de l’orienter si nécessaire vers une consultation médicale et d’écarter, si besoin, le médicament conseil éventuellement contre-indiqué. La demande d’un malade chronique pour une pathologie hivernale démontre là aussi tout l’intérêt de la mise en place du dossier pharmaceutique pour améliorer la qualité des soins.
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