Faut-il des caméras hyperperformantes dans les pharmacies ? La question peut se poser tant les progrès en matière de qualité de la définition des images sont flagrants.
« On peut aller aujourd’hui jusqu’à 12 millions de mégapixels », révèle Fabien Spacagna, responsable commercial de VidéoConsult. « Oui, mais pour en faire quoi ? » pose-t-il aussitôt. Ces caméras performantes sont chères, d’où l’intérêt de se poser la question. Et pour ce spécialiste de la vidéo surveillance, les pharmacies n’ont guère besoin de plus de 2 millions de mégapixels, 4 tout au plus quand une zone particulièrement importante est à surveiller. Par ailleurs, stocker des images de très haute définition nécessite de la place sur les serveurs, sauf si tout est hébergé sur le mode cloud. L'amélioration de la qualité des images et de leur définition sera pourtant nécessaire pour des fonctionnalités appelées à se renforcer dans le monde de la pharmacie. Le zoom par exemple, ou bien la détection de mouvement. Reste à savoir quel sera le seuil juste. Pour VidéoConsult, il semble évident que celui de 2 ou de 4 millions de mexapixels suffit amplement, mais compte tenu de l’évolution rapide à la fois des technologies et des usages, peut-être à terme faudra-t-il plus. On peut notamment penser à la reconnaissance faciale, une ambition forte dans certains pays comme le Japon, selon Fabien Spacagna, mais encore embryonnaire en France, et très chère par ailleurs. D’ici deux ou trois ans, la très haute définition des images devrait permettre d’assurer la reconnaissance faciale, qui pourra peut-être apporter quelque chose en plus dans la vidéosurveillance en pharmacie.
Les zones à risque
Mais pour l’instant, l’intelligence qu’il y a derrière les caméras, leurs logiciels d’exploitation, se concentre sur des fonctionnalités déjà bien utiles et pour lesquelles les standards de qualité de définition suffisent, et notamment la surveillance des zones « à risque ». Celle-ci repose d’abord sur une caractéristique proposée par de nombreux prestataires sur l’identification de ces zones, par exemple en observant leur fréquentation.
C’est ainsi que Kiwatch propose aux pharmaciens depuis plus de deux ans une interface simple pour « dessiner » les zones de l’officine où la ou les caméra(s) vont être sollicitées pour une surveillance accrue. Celle-ci s’est enrichie par la possibilité d’identifier un « trou » dans le linéaire, une fonctionnalité qui permet entre autres de voir si un produit manque. Chez VidéoConsult, elle fonctionne comme un entonnoir, une fois l’espace vide constaté, le système va rechercher dans une plage horaire précise tous les mouvements qu’il y a eus autour de cet espace pour finir par découvrir qui le cas échéant est l’auteur du vol présumé. Pour sa part, Cédric Williamson, président fondateur de Kiwatch, évoque une surveillance permanente des zones concernées : « le système est paramétré de telle sorte que si un produit disparaît, une alerte parvient au pharmacien. » Kiwtach qui, par ailleurs, propose une fonctionnalité singulière, la détection d’êtres humains, d’animaux et de véhicules. Le président de la société reconnaît qu’elle n’est pas très utile aux pharmaciens, exceptée cependant la détection de clients, tout simplement pour signaler leur présence.
Compteur à clients
Sur le même registre, les prestataires travaillent de plus en plus sur le comptage des clients qui passent dans tel ou tel rayon de l’officine. Une façon d’évaluer la fréquentation des différentes zones de l’espace de vente, les caméras et leur système d’exploitation ne servent pas qu’à la vidéosurveillance ! Cette fonction comptage n’en est qu’à ses débuts semble-t-il. Pour Yannick Texidor, gérant d’un agent Proxeo, distributeur des produits du fabricant Daitem, c’est une fonctionnalité toute récente. « On ne pouvait pas la faire auparavant, la finesse des caméras, leur capacité à avoir des angles différents et larges, et la possibilité de mieux exploiter le réseau IP apportent cette liberté », commente-t-il. « La détection de mouvements permet par ailleurs d’économiser des capacités de stockage, puisque cela évite d’enregistrer 24 heures/24. » Là encore, l’évolution future, à deux ou trois ans, de la qualité des images devrait renforcer les possibilités offertes par cette caractéristique. VidéoConsult propose pour sa part la possibilité d’identifier les zones froides et chaudes par une cartographie en couleurs des différentes zones de l’officine par une détection globale des mouvements.
La détection de son en question
Il y a aussi dans les dernières générations de caméras certaines fonctionnalités liées à la détection de son, mais celles-ci font débat. « Elles sont disproportionnées par rapport à la finalité de la vidéosurveillance, cela dépasse la sphère professionnelle et risque de déborder sur l’écoute de conversations privées », estime ainsi Fabien Spacagna. Pas du tout d’accord, Cédric Williamson juge au contraire les restrictions légales concernant l’usage du son comme dommageable dans le cadre de la vidéo surveillance. « Pourquoi voir et ne pas entendre, d’autant qu’il n’y a pas d’enregistrement, mais juste détection des sons ? » demande-t-il. De fait, il existe désormais de nombreux modèles de caméras avec des micros intégrés. Autres évolutions remarquables, des angles de vue adaptés à une multitude de situations. On peut par exemple se contenter d’une seule caméra avec un angle de vision de 360° ou de plusieurs caméras à angles de vision plus restreints, des caméras pour l’intérieur des pharmacies mais aussi pour l’extérieur, avec notamment les progrès de l’infrarouge qui permettent de détecter en vision nocturne jusqu’à 50 mètres, souligne-t-on chez Daitem. Et l’abandon progressif de l’analogique pour le numérique qui permet justement des exploitations logicielles plus poussées, et à l’intelligence des caméras d’être plus efficiente. N’oublions pas non plus l’importance de la réflexion liée à la façon d’installer son système de vidéosurveillance et la capacité du dit système à être efficace sans être obligé d’avoir l’œil posé en permanence sur les écrans.
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