Après bientôt cinq ans d'autorisation, la vente de médicaments en ligne ne semble pas se développer outre mesure en France. Près de 430 sites sont aujourd'hui répertoriés dans l'Hexagone et, si le chiffre évolue constamment, on ne peut guère présager une envolée de ces « pharmacies électroniques » d'ici à la fin 2017. Pourtant, certains titulaires n'imaginent pas ne pas investir ce qu'ils considèrent comme un passage obligé. « Nous devons être précurseurs de la vente en ligne et être prêts quand elle va exploser », annonce Stéphane Lemaire. « Même s'ils n'achètent pas forcément sur le site, les gens sont très demandeurs d’e-commerce ».
Permet de découvrir l'offre en produits
Installé à Périgueux, ce titulaire a développé un site au nom de sa pharmacie doublé d'une page Facebook pour communiquer plus facilement avec la clientèle. Soucieux du résultat, il s'est adressé à une entreprise spécialisée dans la création et la mise à jour de sites Internet. « L'objectif est de proposer une page centrée sur notre cœur de métier avec une information actualisée liée aux questions de santé et aux décisions des autorités doublée d'un catalogue des produits de l'officine ». La démarche a un coût abordable puisqu'il a consacré 1 000 euros à la création du site et dédie 700 euros par an à l'actualisation des informations. Un investissement auquel il faut ajouter le salaire d'une préparatrice entièrement consacrée à la mise à jour du fichier produits et des prix. Si le site en ligne ne génère que peu d'activité et de chiffre d'affaires, il permet aux internautes de découvrir l'offre en produits, en services ainsi que les prix pratiqués. « J'assimile le site à un service complémentaire à celui proposé au comptoir. C'est une plate-forme par le biais de laquelle les gens peuvent consulter notre catalogue. Les personnes âgées l'utilisent énormément ». Bien sûr, il faut communiquer sur l'existence du site en permanence auprès de la clientèle, ce que l'officine fait par tous les moyens – tampon au nom du site, affichettes et flash-code en vitrine, rappel sur le comptoir… « La tendance, c'est l'achat sur Internet, on ne peut pas lutter contre ça ! », conclut Stéphane Lemaire. Une réalité que confirme Cyril Tétart, président de l'AFPEL* en soulignant que les Français sont les plus adeptes de l'achat en ligne en Europe.
Très réglementé
Pourtant, le chiffre d'affaires issu de la vente de médicaments sur Internet excède à peine 1 % du marché des médicaments hors prescription en France, soit 25 millions d'euros par an. Une situation paradoxale que met en lumière l'exemple de pays voisins comme l'Allemagne où la pharmacie en ligne équivaut à 13 % du marché des médicaments. « C'est un domaine qui stagne en France et qui ne pourra pas se développer tant qu'il subira les contraintes réglementaires qui entravent son activité », poursuit Cyril Tétart en énumérant les principales difficultés que rencontrent les détenteurs d'un site en ligne et ses visiteurs : pour avoir l'agrément de l'ARS, le site de l'officine doit obligatoirement faire appel à un hébergeur de données de santé, « une contrainte typiquement française ! » ; le droit de communiquer sur la pharmacie électronique est très réglementé tout comme la délivrance des médicaments qui est limitée, à chaque achat, à une boîte par molécule avec une dose précise à ne pas dépasser pour chaque médicament. « Cette complexité est la traduction de l'avis défavorable émis par la Haute Autorité de la Concurrence sur la vente de médicaments en ligne. L'internaute qui veut tenter l'expérience verra sa démarche entravée ». Alors qu'un site de vente comme Amazon permet de réaliser son achat en trois « clic », il faut en moyenne en compter sept pour une officine en ligne. Un tunnel d'achat qui n'est pas sans conséquences puisqu'on estime que chaque « clic » ampute l'opération de 20 % à 30 % de son chiffre d'affaires.
Uniformiser les règles de vente en ligne
« Ces contraintes limitent beaucoup la liberté de l'acheteur qui finit bien souvent par retourner à l'officine où l'acte d'achat est beaucoup plus simple ». Ceux qui résistent sont captés par les quelque 20 à 30 plus gros sites de pharmacie que compte la France. Cette situation n'est pas pour autant une fatalité. « Dans les conditions réglementaires qui sont les nôtres, la seule façon de développer la e-pharmacie est d'uniformiser les règles de vente en ligne en France tous domaines confondus ou d'imposer notre législation aux sites étrangers qui vendent des médicaments sur le territoire, ce afin d'éviter la concurrence déloyale ». À cela s'ajoute la nécessité de pouvoir communiquer sur les possibilités et les facilités qu'offre la pharmacie électronique dans l'hexagone.
* Association française de la pharmacie en ligne
Article précédent
Comment lutter contre bugs et virus
Article suivant
L'affaire est dans le sac !
En quête du bureau idéal
Que faire de vos données informatiques ?
Jusqu’où personnaliser son robot ?
Quand la GMS inspire la pharmacie
Mon corner optique à l'officine
Comment lutter contre bugs et virus
Avantages et inconvénients de la vente en ligne
L'affaire est dans le sac !
Toujours un oeil sur ma pharmacie
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin