AVEC l’arrivée d’internet, l’accès à l’information a été facilité. Le développement de cette immense banque de données, où l’on trouve tout et n’importe quoi, a popularisé la recherche documentaire. Les moteurs de recherche ont imposé une méthodologie inédite, reposant sur le mot-clé. Dans le domaine de la santé, on a assisté à un engouement pour la médecine. Pour preuve, le nombre croissant de consultations affiché par les sites d’information médicale. Récemment, un autre phénomène est apparu, instaurant une nouvelle forme de relation à autrui. Les réseaux sociaux ont connu un succès fulgurant. Des tonnes de renseignements individuels y sont déversées chaque minute, faisant de Facebook et Twitter des sources précieuses d’informations. Pour qui ? Pour quoi ? L’expérience montre que ces nouveaux outils de communication, a priori superflus, peuvent se révéler utiles dans certains domaines où on ne les attend pas. En santé publique et en épidémiologie par exemple, pour lesquelles ils deviennent des partenaires de plus en plus inévitables.
Appel à la population.
C’est sûr. Sans internet, le recueil des données directement auprès de la population aurait été une entreprise difficile. Mais internet existe et GrippeNet.fr aussi. Lancé en France au cours de la saison grippale 2011/2012, ce réseau de surveillance parallèle est complémentaire des réseaux traditionnels GROG (Groupes régionaux d’observation de la grippe) et Sentinelles. Contrairement à ces derniers qui transitent via le professionnel de santé, GrippeNet.fr vise à recueillir les données directement auprès de la population de métropole, malade et non malade. « La première année a permis de démontrer la faisabilité de ce dispositif et son intérêt d’un point de vue épidémiologique », explique Marion Debin, épidémiologiste et animatrice de GrippeNet.fr. Ouvert depuis le 15 novembre, le site de surveillance est depuis cette année accessible aux mineurs. « L’objectif n’est pas de remplacer les réseaux de surveillance de la grippe mais de les compléter. Grippenet.fr permet notamment de collecter les informations provenant des personnes qui ne consultent pas et qui échappent aux dispositifs de surveillance traditionnels. Lors de la première saison de grippenet.fr, 39 % des participants présentant un syndrome grippal n’avaient pas consulté de médecin généraliste », souligne Marion Debin. Avec GrippeNet.fr, la France emboîte le pas d’une dizaine de pays européens déjà engagés dans le projet européen Epiwork. « Tous les pays participants travaillent selon un protocole commun, ce qui facilite l’analyse des données et permet d’améliorer leur comparaison », précise la coordinatrice de GrippeNet.fr.
Alerter en temps réel.
Les cartographies épidémiques, les données virologiques et cliniques, les informations relatives aux habitudes de vie… Ces données émanant des réseaux de surveillance permettent ainsi de suivre l’évolution des virus grippaux (et des autres), d’évaluer l’impact des recommandations sanitaires, et d’adapter les politiques de santé pour combattre l’épidémie.
Un autre défi se profile et fait l’objet d’une recherche importante. Alerter en temps réel, voire devancer la survenue de l’épidémie, est devenu une idée fixe pour certains scientifiques. Dans ce domaine et quelle que soit la pathologie, les moteurs de recherche ont montré leur intérêt. Le principe est simple et repose sur l’analyse des recherches effectuées sur internet, après sélection des mots-clés les plus évocateurs. Aux États-Unis, des travaux ont été menés par Google et le CDC (center for disease control and prevention) afin de démontrer l’efficacité de cette méthode et surtout, les applications qui peuvent en découler en santé publique.
Une équipe américaine a par exemple suggéré l’importance pour les structures de soin d’être informées en temps réel de l’épidémie de grippe. Selon cette étude menée à Baltimore, les données issues de Google Flutrends pouvaient être corrélées à une montée de l’activité au sein des services d’urgence. D’autres études montrent les limites de ce système. Moins coûteux et plus rapide, mais moins précis, estiment les auteurs d’un article paru dans Nature en 2008. « Ces systèmes sont à prendre en compte, et l’épidémiologie s’enrichit des données qui en émanent. Ils sont intéressants pour capter l’émergence d’un phénomène, en particulier dans les pays ne bénéficiant pas d’un réseau de surveillance aussi développé qu’en France. Pour cela, ils peuvent être qualifiés de donneurs d’alerte. Cependant, il convient d’être prudent dans l’interprétation de ces informations. Cette surveillance ne peut se substituer à une analyse plus approfondie. Le risque de fausse alerte doit toujours être considéré, d’autant plus qu’il n’existe à ce jour aucun contrôle qualité de ces dispositifs », prévient Anne Mosnier, médecin coordinatrice du réseau national des GROG.
Article précédent
Des virus sous haute surveillance
Article suivant
Pourquoi et comment faire face au froid
Des virus sous haute surveillance
Les moteurs de recherche, nouveaux lanceurs d’alerte
Pourquoi et comment faire face au froid
Forces et faiblesses du vaccin antigrippe
TROIS ORDONNANCES
Pour mettre fin au syndrome mains-lèvres
« Les professionnels de santé sont au cœur du dispositif »
Quelques conseils pour digérer l’hiver
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin