- Elle arrive quand la nouvelle apprentie ?, demande Théo à Lou tout en faisant le point sur les promis.
- Je n’en sais strictement rien. La semaine prochaine j’imagine… Et toi, tu nous quittes quand ?
- Fin du mois. Direction Paris, puis les Alpes, histoire de voir du pays.
Le jeune pharmacien fronce les sourcils :
- Dix bons de promis de flécaïnide, quinze de bétahistine… Ça devient critique.
Lou le regarde, fait une grimace de désolation, puis reprend la discussion :
- Et ta thèse ? Tu as avancé ?
- Ma thèse, c’est le sujet tabou. J’avance doucement, mais je n’arrive pas vraiment à me concentrer dessus. En plus, mon directeur de thèse est injoignable. Il est sursollicité.
Les deux jeunes employés sont interrompus par Kenza.
- Comme c’est calme et qu’il n’y a personne pour le moment, Karine veut nous voir tous dans cinq minutes.
- Qu’est-ce qu’elle veut ?, s’inquiète la préparatrice.
Kenza ne répond pas et oriente son fauteuil roulant vers la salle Pasteur où se tient la réunion improvisée.
- Merci de votre attention, je n’en aurai pas pour longtemps, commence la titulaire. Comme vous le savez, il va faire très chaud pendant trois jours. Notre département va être placé en vigilance rouge canicule. La pharmacie est climatisée mais il est important que les patients restent chez eux, ou dans un endroit frais aux heures les plus chaudes. Je vous propose qu’exceptionnellement, la pharmacie ouvre dès 8 h 00 le matin pendant toute la semaine prochaine, pour permettre aux patients de venir à la fraîche. Bien évidemment, nous prendrons cette décision ensemble.
Excepté Nicole Bertin, tous approuvent ce choix.
- Et quelle sera la contrepartie ?, demande Emmanuel.
- Une ouverture à 15 heures au lieu de 14 heures.
- Vous prévoyez un avenant à nos contrats ?, poursuit l’élu syndical, prudent.
- Oui c’est prévu. Ce changement d’horaire doit être bénéfique pour nos patients, mais également pour toute l’équipe. Cela permet d’équilibrer le temps de travail entre le matin et l’après-midi.
Après la réunion, Kenza, Nicole et Emmanuel continuent d’échanger.
- C’est une très bonne idée. Je n’ai jamais compris pourquoi les pharmacies n’ouvrent pas plus tôt le matin, explique Kenza.
Les autres affichent moins d’enthousiasme.
- Mouais. Je vais être très vigilant à ce que tout soit fait dans les clous, rétorque Emmanuel.
- Arrête. Karine est bienveillante. Et d’un point de vue sanitaire, sa proposition tient la route. Beaucoup d’entreprises adaptent leurs horaires en période de canicule, lui rappelle gentiment l’adjointe avant de retourner dans l’espace d’accueil pour conseiller un couple planté devant le linéaire de répulsifs contre les moustiques.
- C’est insupportable cette année. Regardez mon bras, et ma cuisse… On ne peut pas être dehors sans se faire dévorer par ces satanés moustiques, explique la cliente en montrant sa peau blanche boursouflée.
- Oh, comme je vous comprends…
- S'il vous plaît, j'ai besoin d'aide, l'interrompt un homme entré en trombe dans la pharmacie. Mon fils fait une crise d'épilepsie, aidez-moi s'il vous plaît.
(À suivre…)