- Donc, si je résume. Premier point, les autotests sont des tests virologiques. Deuxième point, ils donnent un résultat rapide. Troisième point : la spécificité est excellente, et la sensibilité de ceux que nous avons référencés est plutôt bonne. Tu te souviens à quoi correspondent ces deux notions ?, développe Julien.
Théo regarde le jeune adjoint, perplexe.
- La spécificité c'est pour les faux positifs, euh négatifs, qui donne la performance du test. Et la sensibilité, c'est par rapport aux positifs, mais quand même, ça va.
- Et en français, ça veut dire quoi ? Ce n'est pas une notion que tu vas développer devant le patient, mais il peut arriver qu'une personne te demande des précisions. Reste simple : plus la spécificité est élevée, plus le risque de faux positifs est réduit. Plus la sensibilité est élevée, plus le risque de faux négatifs est réduit, résume Julien.
- T'inquiète Théo. Je me suis toujours embrouillé entre ces deux notions, lance Damien en passant près de ses deux collègues, une boîte DASRI dans les mains.
- Ça va pas nous aider beaucoup, Damien. Mais merci pour ta participation.
Le préparateur s'éloigne en haussant les épaules.
- On passe à la pratique. Regarde, le schéma est parfaitement détaillé sur ce document. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est un prélèvement nasal profond. On enfonce l'écouvillon…
- Deux à trois cm. Et on tourne l'écouvillon, récite l'étudiant.
- Et pour l'interprétation des résultats ?
- Toujours vérifier que la ligne de contrôle apparaît.
- C'est parfait.
- Yes, finger in the nose.
Julien éclate de rire.
- Tu as l'art de résumer la situation. Mais dans ce cas, c'est l'écouvillon dans le nez. La population cible, tu te souviens ?
- Oui. Mais pour les enfants de moins de 15 ans, on peut conseiller ou pas ?
- La HAS a dit OK. Pour ma part, à partir du moment où je peux sourcer ma position, je peux conseiller l'autotest chez les plus jeunes.
Dans le back-office, Marion s'approche de Nicole Bertin :
- Dites-moi, Monique, est-ce que vous enregistrez le code DAD quand vous facturez une ordonnance ? S'il y a lieu de le faire bien sûr…
- Monique ? Connais pas.
Marion, nouvelle recrue de la pharmacie, est embarrassée. Elle essaie de se rattraper :
- Oups ! Pardon. Je ne sais pas pourquoi je veux vous appeler Monique. Je suis désolée…
Nicole Bertin ronchonne, puis tourne le dos à la nouvelle pharmacienne.
- C'est Nicole, bien sûr. Promis. Je ferai attention. Et pour le code DAD ? Karine et J-C me demandent de refaire le point avec chaque membre de l'équipe. Je commence avec vous.
- Je ne sais même pas de quoi vous parlez. Et puis j'ai autre chose à faire. Je dois livrer ça à Monsieur Memeteau.
Ignorant Marion, la préparatrice tourne les talons et s'en va.
« On ne va pas en rester là, Nicole Bertin », songe la pharmacienne. Au cours de sa carrière professionnelle, en tant que chef de projet dans l'industrie pharmaceutique, elle a rencontré des personnalités revêches ou rebelles. Elle a su les mâter.
Gisèle rejoint Nicole Bertin dans le vestiaire.
- Dis donc, tu l'as mouchée la nouvelle.
- Tu as vu ça ? Je pense qu'elle va nous donner du fil à retordre celle-là.
- Ne vas pas trop loin quand même, ça pourrait se retourner contre toi, prévient amicalement Gisèle.
Nicole Bertin s'en moque. Depuis trente-cinq ans qu'elle fait ce métier, à la Pharmacie du Marché, elle estime que ce n'est pas à elle de faire des efforts. Surtout vis-à-vis d'une personne qui l'appelle Monique.
(À suivre…)