À L’ORIGINE de cette initiative, Victoire de Taillac et Ramdane Touhami, un couple dans la vie, connu pour leur esprit d’entreprise, leur connaissance du monde de la mode et leur passion des belles choses. À eux deux, ils ont déjà relancé l’illustre Maison française de Cire Trudon. Pour leur nouvelle aventure, c’est avant tout l’atmosphère et le charme des boutiques anciennes qu’ils ont voulu mettre en valeur pour séduire la clientèle. L’inspirateur du projet est le célèbre maître parfumeur du XIXe siècle, Jean-Antoine Bully (dont la boutique actuelle a repris le nom en enlevant un « l » pour ne pas choquer les Anglo-Saxons), qui avait deux boutiques parisiennes, rue Saint-Honoré et rue Montorgueil, et qui s’était fait connaître avec son « Vinaigre de toilette » que s’arrachait le Tout-Paris pour se frictionner le corps et sentir bon. Ce Monsieur Bully aurait même inspiré Balzac pour son César Birotteau. Gloire et décadence d’un parfumeur parisien, tel fut le destin de Bully qui finira ruiné après la mise à sac de son officine lors des soulèvements populaires de 1830. Le personnage réussit tout de même à créer une marque avec son identité propre dans un siècle qui voit se développer la créativité dans les cosmétiques et les parfums.
Le charme des anciennes apothicaireries.
C’est cet esprit que Victoire de Taillac et Ramdane Touhami ont voulu retrouver dans leur officine faite sur mesure à l’identique des anciennes apothicaireries d’Hôtel-Dieu. Ramdane s’est notamment inspiré de l’apothicairerie de Tournus pour faire fabriquer le mobilier dans le style XVIIIe siècle et créer cette atmosphère si particulière où le secret des apothicaires affleure dans les subtils mélanges de senteurs qui baignent les lieux.
La tradition alliée à la modernité du concept est du premier chic parisien. Curieux de passage, touristes et habitants du quartier plongent dans un décor historique raffiné jusqu’au packaging des produits qui reprend des modèles d’époque. Les maîtres des lieux se sont attelés à dépouiller les archives pour se familiariser avec l’univers des soins et de la beauté sous Napoléon.
Des produits naturels.
L’objectif est de relancer la marque d’autrefois en faisant de « l’exception française » tout en proposant une gamme de produits résolument innovante qui ne contiennent, dans leurs compositions, ni parabènes, ni phénoxyéthanol, ni silicone. Les parfums sont à l’eau et les laits, huiles, savons et pommades sont fabriqués à base de produits naturels que l’on retrouve sous forme d’huiles végétales et de poudres exfoliantes dans d’élégants pots en verre rangés sur les étagères derrière le comptoir.
Les argiles et l’encens des moines du Mont-Athos deviennent ici des produits de luxe au milieu des fragrances d’hier et d’aujourd’hui : tubéreuse, bergamote, makassar boisé, lichen d’Écosse, miel d’Angleterre, bigarade, rose de Damas, al kassir aux émanations de santal, géranium et cardamone…
Des curiosités thérapeutiques.
L’univers de la cosmétique n’est pas si loin de celui de la pharmacie, comme en témoignent certains produits qui rappellent l’exotisme des anciens remèdes. Ainsi des fientes de rossignol du Japon, qui constituent une poudre de gommage pour la peau et rendent celle-ci lisse et lumineuse, ou encore l’huile d’émeu aux propriétés cicatrisantes et antiseptiques, qui stimule le renouvellement cellulaire, et le bâton de siwak à base de racine d’Araak, naturellement antiseptique, connue depuis des milliers d’années pour l’entretien des dents et des gencives.
Le catalogue de la nouvelle officine Buly décline les vertus de chaque produit, comme autrefois. On y trouve des noms charmants : eau de la belle haleine, pommade virginale, eau superfine, pommade concrète ou huile antique, aux côtés des bourrache, onagre, amande douce, argan, pépins de raisins et rose musquée.
Un lieu chic et parisien.
La machine à remonter le temps est actionnée, renforcée par un délicat parfum boisé de rose et d’encens qui plane dans l’air. La boutique pourrait être là depuis 150 ans, l’illusion est parfaite. Tout pharmacien croirait en effet pénétrer dans une pharmacie historique, avec son grand comptoir, ses flacons de verre, ses étagères sculptées par un atelier d’ébénisterie d’art et ses tiroirs dédiés aux simples. Il aura fallu trois ans de travaux pour transformer l’espace (une ancienne galerie d’art) en lieu chargé d’histoire. Victoire de Taillac nous précise que chaque objet a été choisi avec soin pour sa valeur historique et artistique : « L’objectif était de donner une impression hors du temps ». Le pari est gagné !
Aujourd’hui, comme Jean-Antoine Bully, les maîtres des lieux formulent à leur tour leurs inventions cosmétiques contemporaines. Entre tradition et modernité, l’officine Buly respecte en tout point l’histoire fascinante des parfumeurs, distillateurs et apothicaires qui connaissaient le secret et les bienfaits des plantes naturelles. On ressort de la boutique avec une sensation de bien-être, de voyage dans le temps et un doux voile de senteur sur la peau qui nous accompagnera toute la journée.
Une ancienne apothicairerie-parfumerie transformée en boutique à la mode. C’est très chic, c’est très parisien et ça fonctionne !
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