CE DÉBAT-LÀ n’est pas prêt d’être tranché. La question du genre associé à une fonction vient en effet de rebondir lors des discussions à l’Assemblée nationale autour du projet de loi sur l’égalité femmes-hommes. Ce qui a donné lieu, la semaine dernière, à quelques savoureux échanges entre élus de gauche et de droite. Réagissant au « Madame le ministre » adressé par des élus UMP à la ministre Najat Vallaud-Belkacem, la députée communiste Marie-George Buffet a proposé : « Cher collègue, je vous suggère de prononcer cette phrase sans difficulté : " Mme le ministre est enceinte " Essayez ! Vous verrez, c’est difficile ! » Au cœur du débat, une référence ancienne à la position officielle de l’Académie française, en date de 1635, qui fixe les règles d’usage du français. « La fonction prime sur le genre, a ainsi rappelé avec virulence, Nicolas Dhuicq (UMP), avant de déclarer, à l’Assemblée, nous sommes des hommes libres et des femmes libres. Personne ne peut imposer à l’autre un vocabulaire qu’il ne souhaite pas employer. » « Je pense que vous voulez rendre les femmes invisibles », a rétorqué la présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée, Catherine Coutelle (PS). C’est en 1984, que la ministre Yvette Roudy avait officiellement ouvert ce débat en créant une commission sur la féminisation des noms.
En pharmacie aussi, la discussion n’est pas nouvelle. Et l’usage désuet du terme « pharmacienne » pour désigner l’épouse du pharmacien diplômé a perduré longtemps. Sans toutefois résister à la modernisation d’après guerre. En 1953, la « Revue d’histoire de la pharmacie » posait ainsi la question : « Doit-on dire d’une diplômée " pharmacien " ou " pharmacienne " ? » Extrait d’une réponse apportée par Jean Vasse* : « Le mot "pharmacienne " n’aurait jamais dû être admis dans notre vocabulaire, mais maintenant qu’il y est, on aurait bien de la peine à l’en chasser. J’aurais préféré que le mot " pharmacienne " désignât l’épouse non diplômée du pharmacien, à l’instar de la maréchale et de la colonelle… Mais la langue vit, elle n’est pas figée. Les néologismes bien forgés doivent s’imposer. Et " pharmacienne " est de ceux-là. Il est probable que l’Académie l’adoptera. Puisque nos confrères de sexe sont devenues des consœurs, qu’à l’avenir, la Faculté accepte de modifier son vocabulaire et leur délivre un diplôme de "pharmacienne". » Une demande légitime s’il en est, mais finalement contournée. Aujourd’hui, les diplômes affichent le titre, on ne peut plus neutre, de « Docteur en pharmacie ».
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