LORSQU’EN 1934, les chimistes américains Walter A. Jacobs (1883-1967) et Lyman C. Craig (1906-1974) montrèrent que les alcaloïdes synthétisés par un champignon parasite du seigle, l’ergot, avaient un motif chimique commun, l’acide lysergique, ils n’imaginaient pas que leur découverte bouleverserait le regard porté sur les substances psychoactives à la faveur d’une rencontre, celle de cet acide avec un chimiste suisse, Albert Hofmann (1906-2008, membre du Comité Nobel). Ayant rejoint en 1929 l’équipe d’Arthur Stoll (1887-1971) au laboratoire Sandoz, à Bâle, pour y explorer les alcaloïdes de l’ergot, Hofmann synthétisa en 1938 la diéthylamide de l’acide lysergique : le LSD 25 (Lysergic Saüre Diaethylamid, « 25 » car il s’agissait du vingt-cinquième produit de la série). Le screening réalisé par Ernst Rothlin (1888-1972) ne suscita guère d’enthousiasme et l’alcaloïde fut abandonné…
C’est le vendredi 16 avril 1943 qu’Hofmann, qui, mû par un pressentiment, avait repris l’étude de cette substance, découvrit ses effets hallucinogènes. La pharmacologie dut une fois encore à une négligence : le chimiste ne se lava pas les mains après avoir manipulé le LSD. Saisi, dit-il, d’une « ivresse puissante (…) caractérisée par une stimulation intense de l’imagination et une modification du champ de conscience », Hofmann fut frappé par la puissance du produit, dont il n’avait pu absorber plus de quelques dizaines de microgrammes. Trois jours plus tard, il en avala volontairement 250 µg. Le monde sembla se déformer. Il se vit hors de son corps. Le pharmacologue fit ainsi connaissance avec son « enfant terrible ».
Sérum de vérité.
Dès les années quarante, la CIA s’intéressa au LSD comme « sérum de vérité » puis comme arme psycho chimique. Des psychiatres l’utilisèrent pour induire des psychoses expérimentales et décrypter la « folie ». Mais surtout, commercialisé en 1947 comme médicament (Delysid 25 µg ou 100 µg), le LSD connut son heure de gloire grâce aux travaux des psychiatres américains Anthony K. Busch (1905-1993) et Warren C. Johnson (1923-2006). Son administration était réputée faire resurgir le matériel psychique refoulé et, à forte dose, elle induisait un choc psychique censé restructurer la personnalité. Le LSD fut aussi préconisé comme antalgique ou comme anxiolytique chez le patient en fin de vie.
Dans ce contexte, un visionnaire américain, Alfred M. Hubbard (1901-1982), se prit d’intérêt pour le produit et l’administra à des alcooliques, convaincu que cette expérience « mystique » les détournerait de la boisson. Fort de quelques guérisons « miraculeuses » et devenu… médecin, il ouvrit à Los Angeles la première clinique dédiée au traitement par LSD en 1952. Tout au long des fifties, nombre de médecins tinrent cette drogue comme un outil d’épanouissement psychologique.
Interdit en 1966, le LSD connut une courte existence légale compte tenu de sa dangerosité. Depuis, les quelques expérimentations cliniques autorisées n’ont guère été concluantes mais l’usage clandestin de l’« acide » reste, lui, répandu !
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