L’apprentissage de l’apothicaire

Publié le 11/07/2011
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Il y a de cela quelques centaines d’années, le pharmacien s’appelait l’apothicaire et il n’était pas formé dans une université, mais aux côtés d’un maître apothicaire, et ce, durant cinq à dix années. Plus connu chez l’ouvrier, le compagnonnage a connu son apogée au XIXe siècle pour finalement disparaître avec l’industrialisation.

L’histoire de la pharmacie mentionne la formation de l’apothicaire à ses débuts, exclusivement pratique. Le maître apothicaire exigeait que tout candidat ait des notions de latin et de grammaire, pour lire formulaires et ordonnances des médecins. Pendant de longues années, l’apprenti apprenait les tours de main nécessaires à la confection des préparations. C’est Charles Guyotjeannin, docteur en pharmacie et membre de l’Académie de pharmacie, qui rappelle, en 1952, in La Revue d’histoire de la pharmacie (40e année, n° 132, p. 324-328) le travail effectué sur « Les statuts des apothicaires d’Orange » (1645). Il indique : « Si l’aspirant apothicaire devait faire trois ans d’apprentissage et servir encore pendant sept ans ses maîtres (statuts de Baugé, 1588 ; Angers, 1619) ou si l’apprentissage et le compagnonnage réunis duraient cinq ans (Nîmes, 1626), sept ans (Bordeaux, 1542 ; Avignon, 1568) ou huit ans (Morlaix, 1695 ; Toulouse, 1501), les statuts d’Orange mentionnent : celui qui aspirera à la profession de la pharmacie sera tenu de faire apparoir d’avoir travailhé en icelle durant six années à ce comprins le temps de son apprentissage ». Au terme de l’apprentissage, pour devenir apothicaire, l’apprenti devait non seulement produire « des attestations d’apprentissage et de bonne vie et mœurs », mais aussi réussir plusieurs examens « devant un conseiller de la Cour, en présence de l’advocat et procureur général de Son Altesse », ainsi que devant deux examinateurs qui n’étaient autres que les deux plus anciens médecins de la ville, et « tous les apoticquaires qui y voudront adsister, le tout sans esmoluments ». Cette épreuve réussie, l’apprenti devait encore travailler « durant quatre semaynes aux quatre bouticques d’apothicquaires, après le rapport desquels sera admis à faire quatre chef-d’œuvre, savoir un eslectuère solide, un liquide, un sirop et un emplastre ».


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2852