Pour favoriser l’installation

Le retour du compagnonnage en pharmacie

Publié le 11/07/2011
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L’apothicaire, ancêtre du pharmacien moderne, était essentiellement formé à travers de longues années d’apprentissage. Au XVIe siècle, le compagnonnage était alors la seule voie d’accès. Quelque 500 ans plus tard, le réseau HPI propose un retour aux sources dans un style modernisé pour accompagner la primo-installation du jeune confrère. Explications.

PARMI LES AXES de développement du réseau HPI, le compagnonnage apparaît comme une bête curieuse. S’agirait-il de revenir vers une formation pratique du pharmacien en herbe ? Pas exactement. Car le compagnonnage s’adresse à des jeunes officinaux diplômés. « Nous avons voulu proposer quelque chose de différent pour les jeunes pharmaciens. C’est une initiative 100 % HPI, le réseau a même été sélectionné pour les Trophées de l’innovation », souligne Jean-Philippe Carré, pharmacien, en charge de l’actionnariat HPI.

« HPI représente un modèle d’exercice particulier, nous avons souhaité que de jeunes pharmaciens puissent s’y intégrer. » Dans ce cadre, le groupement d’employeurs HPI a procédé au recrutement d’un jeune diplômé particulièrement motivé. Arrivé il y a six mois, celui-ci fait le tour de France des pharmacies HPI où il est invité à passer une à deux semaines. Au bout d’une ou deux années, le jeune homme pourra faire le choix de s’associer à l’un des pharmaciens HPI ou de s’installer, aidé en cela par le réseau.

« Julien Régnier a été tout spécialement formé à l’usage de notre système informatique, il passe donc aussi dans les différentes officines pour les aider à leurs débuts sur le logiciel, pour parfaire leur connaissance, rappeler certains points. Il joue aussi le rôle de client mystère dans chaque officine où il est amené à travailler, ce qui permet d’améliorer la démarche qualité, la communication, etc. Il occupe aussi le poste classique d’adjoint. Il est déjà passé par une bonne douzaine de pharmacies, il peut confronter les méthodes, et son expérience se renforce à grande vitesse. Cela lui donne un regard très complet sur ce qui se fait, les meilleures méthodes, etc. Ce compagnon n’est pas n’importe quel pharmacien. Il devient le meilleur d’entre nous », explique Jean-Philippe Carré. Il a d’ailleurs dû être choisi parmi une dizaine d’autres candidats.

Volonté d’apprendre.

Ces six premiers mois de compagnonnage ont remporté un succès fou. Auprès des titulaires adhèrents au réseau, qui se l’arrachent au point que son agenda soit complet plusieurs mois à l’avance. Auprès des équipes dans lesquelles il s’intègre parfaitement. Auprès du compagnon lui-même, enthousiasmé par l’expérience acquise en si peu de temps. « C’est très formateur pour le jeune diplômé, mais il doit avoir une forte volonté d’apprendre et une disponibilité très importante. En allant ainsi d’une officine à une autre, il prend le meilleur de chacune d’entre elles et le retransmet. Je m’occupe de son planning. Fin juin, il était déjà bouclé jusqu’au 19 septembre… Dans la mesure du possible, si je sais qu’il est dans telle ville, telle semaine, j’essaie de lui trouver des missions proches les semaines suivantes », précise Patricia Gatouillat, pharmacienne HPI à Troyes (Aube).

Au bout d’une année complète à faire le tour de France des pharmacies HPI, Julien Régnier fera le point avec les responsables du réseau pour savoir s’il continue une année de plus en tant que compagnon, s’il souhaite s’associer ou s’installer, ou même s’il veut arrêter là cette aventure. Mais, déjà, Jean-Philippe Carré dévoile que certains titulaires ont signalé leur souhait de s’associer au jeune homme. Comme pour toute association, Julien Régnier devra avoir un apport de capital, mais HPI annonce déjà être prêt à l’aider au besoin, y compris s’il préfère une installation sans association. Dans tous les cas, l’aventure de compagnon ne pourra excéder deux ans. « Julien est extraordinaire, il passe très bien auprès des titulaires et de leurs équipes, il est à l’écoute et s’intègre toujours parfaitement, je n’ai que des échos favorables le concernant », affirme l’officinale.

Effort financier.

Patricia Gatouillat compte beaucoup sur l’arrivée d’un second compagnon, car Julien Régnier ne pourra pas passer dans toutes les officines et il a parfois des trajets très longs lorsqu’il change d’officine. De plus, le fait d’être deux leur permettrait d’échanger sur leurs expériences. « Un second compagnon devrait être recruté d’ici à la fin de l’année, nous étudions les candidatures. C’est un effort financier important pour les pharmaciens de HPI car nous voulons proposer de très bonnes conditions de salaire », indique Jean-Philippe Carré.

Tout comme les compagnons des siècles derniers, Julien Régnier est hébergé par le titulaire qui fait appel à ses services. Mais, au-delà de l’apprentissage auprès d’un « maître apothicaire », les comparaisons s’arrêtent là. Le compagnon ne reste pas 7 à 10 ans en apprentissage auprès du maître, il n’a pas de chef-d’œuvre à réaliser pour obtenir le précieux sésame à l’installation. « Son chef-d’œuvre c’est de devenir le pharmacien HPI exemplaire, c’est-à-dire un professionnel de santé soucieux d’une vraie qualité de service au patient, une capacité à partager son expérience et un désir réel de travailler en équipe. C’est donc un pharmacien HPI : humain, professionnel et indépendant. »

› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2852