Paléontologie

L'OTC, selon Néandertal

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Publié le 13/03/2017

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C'est à une plongée aux sources de l'automédication que nous invite une équipe de chercheurs australiens. Leurs derniers travaux, publiés dans la revue « Nature », s'appuient sur l'analyse de quatre fossiles d'hommes de Néandertal retrouvés dans la grotte de Spy, en Belgique, et sur le site d'El Sidron, en Espagne. Ces trésors de pierre ont l'âge respectable de 42 000 à 50 000 ans. Pour faire parler les fossiles, les scientifiques se sont penchés sur leurs dents, ou ce qu'il en reste, et plus spécifiquement sur la plaque dentaire qui les recouvre partiellement. Avant de se minéraliser en tartre, la plaque dentaire capture les micro-organismes de la bouche, les agents pathogènes de l'appareil respiratoire et digestif mais aussi de petits morceaux de nourriture coincés dans les espaces interdentaires, expliquent les paléontologues. C'est l'analyse génétique de l'ADN contenu dans cette plaque dentaire qui fournit les informations sur le régime alimentaire et l'état de santé des hommes préhistoriques. Sur l'une des mâchoires découvertes sur le site espagnol, les chercheurs ont mis en évidence un ancien abcès dentaire, et retrouvé dans la plaque dentaire un parasite intestinal responsable de diarrhée sévère. Plus étonnant, ils ont également montré que cet homme malade mangeait des bourgeons de peuplier, réputés riche en salicine, l'un des précurseurs de l'acide salicylique. Cette découverte en confirme d'autres, qui avaient montré, en 2012, que l'homme de Néandertal consommait de la camomille ou l'achillée millefeuille à fins thérapeutiques. Le comportement d'automédication aurait donc près de 50 000 ans. Enfin, une découverte encore plus surprenante a été faite dans le tartre d'un Néandertalien de la grotte belge : l'ADN de la moisissure penicillium, matière première du célèbre antibiotique ! Alexander Fleming va se retourner dans sa tombe…

Didier Doukhan