Histoire de plante

Achillée millefeuille, l'arme anti-blessure

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Publié le 13/07/2023
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Achillée millefeuille

Achillée millefeuille
Crédit photo : Jacques Fleurentin

L'achillée millefeuille (Achillea millefolium L. (Astéracées) est une plante herbacée d'une soixantaine de centimètres, commune des bords de chemins, présente dans l'hémisphère nord. Comme son nom l'indique, millefeuille, on la reconnaît à ses feuilles longues et étroites très finement divisées. La tige est cannelée et ses fleurs en capitules sont regroupées en corymbe : les ligulées blanches à l'extérieur et jaune en tube au centre. Les fruits sont des akènes surmontés d'une aigrette plumeuse facilitant sa dissémination par le vent.

Achille, d'après Pline, utilisait l'achillée pour soigner ses blessures, d'où son nom. En médecine grecque, Dioscorides, au Ier siècle, la recommandait pour traiter les plaies sanguinolentes et les ulcères. En Europe au XIIe siècle, Sainte Hildegarde la recommande pour réguler les menstruations et cesser les saignements de nez. La médecine populaire l'appelle d'ailleurs herbe aux coupures ou herbe aux charpentiers car elle est réputée pour cesser les hémorragies. Cazin au XIXe siècle l'indique dans les aménorrhées et les hémorroïdes. Les feuilles juvéniles peuvent être consommées en salade.

L'azulène est à la fois anti-inflammatoire et anti-irritant

Les parties aériennes sont médicinales, elles renferment une huile essentielle riche en azulène (6 à 9 %) ainsi que des monoterpènes comme le 1,8-cinéole, le sabinène et le camphre et des sesquiterpènes comme le germacrène D et l'alpha-bisabolol. Des lactones sesquiterpéniques (guaïanolides), des flavonoïdes (apigénine, lutéoline, quercétine), des acides phénols (caféiques) et des coumarines ont été identifiés.

Les extraits aqueux raccourcissent le temps de coagulation et sont par conséquent antihémorragiques. L'azulène est à la fois anti-inflammatoire et anti-irritant en application cutanée. L'extrait aqueux s'oppose à l'inflammation de la patte de rat induit par la carragénine. Des études in vitro montrent l'implication des flavonoïdes.

Une étude clinique en double aveugle montre l'efficacité d'un extrait huileux (huile d’olive) sur une peau irritée après 3 et 7 jours de traitement.

L'huile essentielle et l'extrait aqueux sont antibactériens

L'huile essentielle et l'extrait aqueux ont montré une activité antibactérienne vis-à-vis de Salmonella enteritidis, Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa et antifongique vis-à-vis de Candida albicans et Aspergillus niger. L'extrait éthanolique est actif sur Helicobacter pylori.

Chez le rat, un extrait riche en flavonoïdes a une action antispasmodique sur l’intestin isolé. Des extraits aqueux traitent une ulcération gastrique chronique induite chez le rongeur.

Un extrait méthanolique met en évidence un effet œstrogénique : l'apigénine et la lutéine activent les récepteurs alpha et bêta-œstrogéniques.

Les acides caféiques et la lutéoline sont cholérétiques et protègent le foie de rongeur d'une hépatite induite par un toxique le tétrachlorure de carbone.

À nouveau les indications thérapeutiques historiques sont confirmées par la pharmacologie : on retiendra ses effets en usage externe dans les saignements et les blessures cutanées et par voie orale son intérêt dans les troubles des règles. 

 

Du bon usage des plantes qui soignent (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 414 p www.ethnopharmacologia.org

Jacques Fleurentin
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Source : lequotidiendupharmacien.fr