Le safran (Crocus sativus L., Iridacées) est une petite plante herbacée vivace par son bulbe, habituée des sols pauvres, bien drainés et ensoleillés. En automne, il développe une rosette de feuilles allongées et une fleur élégante formée de 6 tépales violets, de 3 étamines aux anthères jaunes et d'un style terminé par 3 stigmates rouge orangé vif et parfumés. La récolte des stigmates s'effectue tôt le matin, avant l’ouverture des fleurs, à la main et environ 100 000 fleurs sont nécessaires pour obtenir un kg de safran.
Les premiers safrans sauvages (Crocus cartwrightiamus) auraient été récoltés il y a 3 600 ans sur l'île grecque de Santorin. Puis un mutant stérile serait apparu vers 1400 av. J.-C. et cultivé par séparation des bulbilles. L'Espagne, le Portugal, l'Iran, l'Afghanistan, le Maroc et la Russie sont des producteurs de safran.
En raison de son arôme exceptionnel, le safran est une épice prisée des cuisines européennes, orientale, indienne et chinoise. C'est aussi une plante médicinale indiquée pour résoudre des affections digestives et fortifier l'esprit vital par Dioscoride (Ier siècle) en médecine grecque et Avicenne (Xe siècle) en médecine arabo-persane. Elle est aussi recommandée pour traiter la dépression, faciliter le sommeil et ôter la mélancolie. En médecine chinoise, le safran calme les nerfs et résout la stase sanguine. En Europe, Fournier le recommande au XXe siècle dans l'insomnie nerveuse, l'hystérie, les spasmes et l'aménorrhée. En application locale, le safran soulage les douleurs des premières dents des nourrissons.
Les stigmates renferment une huile essentielle riche en safranal responsable de son arôme, de l’α et ß pinènes et de la picrotoxine qui se transforme en safranal au cours du séchage. Elle contient également des caroténoïdes avec de la crocine, des esters de crocétine, du carotène et du lycopène qui lui donnent cette couleur orangée ainsi que des vitamines B1 et B2.
Action antidépressive
Des extraits éthanoliques administrés pendant 6 semaines ont montré une action antidépressive dans deux études cliniques en double aveugle. Par ailleurs, une méta-analyse portant sur 23 études cliniques montre une amélioration des états dépressifs et anxieux. Crocine et crocétine interviennent au niveau de l'hippocampe et des récepteurs opiacés. Quant au safranal et à la crocétine, ils inhibent la recapture de la sérotonine.
Le safran et le safranal sont anxiolytiques et anticonvulsivants en se fixant sur les récepteurs gaba A. Une action anti-ischémique a été montrée avec des extraits et de la crocine lors d'une interruption momentanée de la circulation sanguine au niveau du cerveau et du cœur chez le rat. Les effets antiradicaux libres sont impliqués dans cette action et sont également protecteurs de la rétine.
Des essais in vitro inhibent le développement de cellules cancéreuses en les conduisant vers l'apoptose tout en préservant les cellules saines.
À forte dose (10 g), le safran se montre toxique induisant des vomissements, une chute des plaquettes et une action abortive mais son innocuité est totale aux doses thérapeutiques. Il est déconseillé chez la femme enceinte.
Du bon usage des plantes qui soignent (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 414 p. www.ethnopharmacologia.org
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin