« Face à une agression, il y a trois attitudes : on est tétanisé, on fuit, ou on combat. Souvent, en état de stress, on est d’abord tétanisé, alors que le simple fait de se débattre, de réagir, annule une agression sur deux. Le krav maga est une méthode de self-défense destinée à tous publics, sportifs ou non. Dans nos sections, nous avons des adolescents de 12 ans, et le vétéran a 72 ans », précise Corinne Rosier, pharmacienne adjointe à Hondouville (Eure), et enseignante diplômée et bénévole de cet art de combat.
« J’ai commencé le karaté à l’âge de 13 ans, parce que les parents voulaient qu’on acquière confiance en nous. Je suis devenue ceinture noire 2e dan à 25 ans, plusieurs fois championne de Bretagne. Je fais aussi de l’escalade, de la planche à voile. J’ai toujours aimé le sport et je m’entraîne tous les jours, mais ce n’est pas un besoin. » Elle enseigne le krav maga, dont elle est 3e dan, une des plus titrées en France, à une section de vingt-cinq femmes à Evreux. Son compagnon, 7e dan, le fait à titre professionnel sur toute la Normandie pour 400 élèves, dans le plus gros club de la région qui compte 650 pratiquants.
Synthèse des arts martiaux
Cette méthode a été mise au point dans les années 1930 par Imi Lichtenfeld, en Tchécoslovaquie. C’est une sorte de synthèse de tous les arts martiaux, dont le Tchèque avait une grande pratique. Entraîneur militaire pendant des années, il définit plusieurs méthodes après vingt ans de pratique. L’armée israélienne, Tsahal, l’utilise comme méthode de combat (krav maga signifie combat rapproché, en hébreu), la police en méthode défensive. Corinne Rosier parle seulement de légitime défense, qui, selon la loi, rappelle-t-elle, doit être proportionnée.
« On se défend avec ce qu’on a, son sac à main, ses mains, ses pieds, mais c’est une riposte immédiate, le combat n’est pas pour prendre le dessus, et la légitime défense n’a plus lieu si on a poursuivi son agresseur. » La jeune femme rappelle qu’on a assez peu de temps pour réagir quand on se fait « tirer » son téléphone ou son sac à main, « il faut avoir le réflexe. Il n’y a pas de notion de force, il faut toucher tout de suite des zones sensibles, les parties génitales, la gorge, les yeux. Il faut adapter la méthode à la réalité, il n’y a pas de règle ». Mais cela s’apprend. « On apprend une technique, avec l’idée de ne pas avoir à s’en servir, mais celle de tempérer une situation. » Dans sa section, les élèves femmes viennent pratiquer un sport. Corinne Rosier développe la partie physique : assouplissements, musculation, travail général, au moins un quart d’heure d’échauffement sur une heure de séance, une ou deux fois par semaine, et des conseils « pour bouger à la maison ».
Une question de confiance
Une section ado de filles a été créée en septembre 2015. Après trois semaines, une maman est venue lui dire : « je ne reconnais plus ma fille », passée de craintive à beaucoup plus confiante. Certains parents mettent leur enfant au club pour les occuper, d’autres pour acquérir cette confiance en soi.
« En self-défense, il faut regarder l’autre, saisir ses faiblesses pour en profiter. Un combat, c’est une distance à apprécier, un timing à adapter, une ouverture dont il faut profiter. On combat d’abord avec les pieds et les mains, à distance. Si on se retrouve en immobilisation au sol, on s’en retire au plus vite. Le krav maga est une technique de self-défense, pas une technique de combat. »
« J’avais commencé le karaté pour pouvoir me défendre. Avec le krav maga, cela m’aide dans ma vigilance, mais je ne deviens pas parano. À Paris, dans le RER, je suis vigilante et confiante. Au club, on enseigne aussi le partage, nos valeurs, notre philosophie. Nous voulons en faire des moments d’échanges. »
légende photo Corinne Rosier, une jeune femme souriante, à ne pas trop titiller
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