Début mai, Yannick Dartial rejoindra le tournage du prochain film de Gilles Lellouche. Il y retrouvera une pléiade d’acteurs célèbres et de nageurs internationaux, spécialisés comme lui, en natation synchronisée. Drôle d’aventure pour ce jeune pharmacien, associé dans une officine rurale de Dordogne.
Bordelais pure souche, Yannick Dartial est né dans une famille de cadres de l’aéronautique passionnés de natation depuis plusieurs générations. Bébé nageur à six mois, il prend le chemin des piscines, des entraînements et des compétitions. Mais, à 13 ans, un pari change le cours de sa vie de nageur : « Nous partagions le bassin avec les féminines de la natation synchronisée, explique-t-il. Un jour, avec mon entraîneur, nous nous sommes lancé le défi de faire aussi bien qu’elles. Une fois que j’ai eu mis le pied là-dedans, j’ai été complètement avalé. » Seul garçon dans un ballet de filles, la situation lui vaut pas mal de remarques : « J’ai assumé, j’ai toujours eu un esprit rebelle », avoue-t-il.
Côté professionnel, il se cherche et finit par choisir pharmacie à cause des disciplines enseignées. Après ses études à la fac de Bordeaux, il prend plusieurs postes d’assistant dans de grandes pharmacies de la périphérie bordelaise qui ne lui proposent que « des CDD, souvent mal payés ». Aussi, il décide de s’éloigner de sa chère ville de Bordeaux et débarque au Pizou, petit bourg rural de Dordogne : « Cela me semblait loin, perdu… Je leur ai renvoyé leur offre à la figure, se souvient-il. J’avais beaucoup de préjugés. »
« Ici, le pharmacien est reconnu »
Mais les postes intéressants sont rares et il finit par revenir au Pizou, comme assistant, puis comme associé. Car, entre-temps, il a découvert l’exercice en milieu rural : « Ici, le pharmacien est reconnu et le travail plus enrichissant qu’en ville, socialement, mais aussi médicalement : on communique vraiment avec les médecins et les professionnels de santé, on s’entraide… »
Lui qui pensait s’ennuyer dans une officine ne recevant « que » 200 clients/jour, le voilà enthousiaste, dans une équipe soudée (trois pharmaciens et quatre préparatrices), engagée dans un projet de maison médicale. Il finit même par habiter en pleine campagne dans une maison où il élève des poules et cultive un immense potager.
Seule constante : Yannick Dartial n’a jamais abandonné la natation synchronisée. Bien au contraire, alors que, à 25 ans, sa carrière semblait s’achever, il change de club et rejoint les Girondins. L’encadrement lui convient si bien qu’il progresse comme jamais, jusqu’à une 4e place en championnat de France par équipe. Une équipe dont il demeure le seul homme, entouré de neuf jeunes femmes.
Car la natation synchronisée n’est pas un sport d’homme. Jusqu’en 2015 les compétitions internationales leur étaient même interdites. Depuis, un duo mixte leur est proposé aux championnats du monde. Une épreuve dans laquelle Yannick Dartial pourrait bien concourir car, à 30 ans, il continue de s’entraîner deux fois par semaine et à figurer dans la petite vingtaine de nageurs qui, dans le monde, pratiquent la natation synchronisée.
Doublure jambes
C’est sans doute pour cela que la Fédération a fait appel à lui pour répondre à la demande de l’acteur-réalisateur Gilles Lellouche. Celui-ci démarre le tournage d’un film intitulé « Le Grand bain »* qui relatera les mésaventures d’un groupe de quadras au bord de la dépression qui décident de créer un ballet de natation synchronisée.
Yannick Dartial et les meilleurs nageurs mondiaux de la discipline y joueront les « doublures jambes » de Guillaume Canet, Mathieu Amalric, Benoit Poelevoorde ou Philippe Katerine : « Il s’agit de doubler les acteurs pour les scènes sous l’eau, voire davantage… », espère Yannick Dartial, qui se jetterait bien à l’eau pour quelques répliques également.
Quoi qu’il en soit, un réalisateur belge vient de lui proposer un rôle dans un autre film traitant de natation synchronisée… Décidément, au cinéma, la mode est au pince-nez !
* http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=235582.html.
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