Originaire de Normandie, Gaël Ripoche débarque à Sainte-Hélène à l’âge de 5 ans. Sa famille s’installe dans cette commune girondine de 2 700 habitants, entourée de forêts, entre Bordeaux et Lacanau-Océan. Sa mère y reprend une petite officine, tandis que son père, employé à la Sécurité sociale, partage ses engagements entre sa foi chrétienne et la CGT.
Gaucher contrarié, dyslexique, le jeune Gaël fait des études en dents de scie. Sa famille l’inscrit au lycée privé Grand Lebrun de Bordeaux. Il redouble deux classes, mais décroche son bac et choisit pharmacie. À la faculté, il rencontre François Martial* qui restera son ami et l’entraînera vers le syndicalisme (FSPF).
Il obtient son diplôme en 1976, et fait son service militaire au Val de Grâce. Là, il apprend à faire des analyses biologiques et exerce dans plusieurs services d’urgences parisiens. Puis, il rencontre son épouse grâce au scoutisme, fait des remplacements et, en 1978, revient à Sainte-Hélène, comme assistant de sa mère. Dans une pharmacie rurale avec une forte dimension vétérinaire et agricole : « Les mercredis, j’allais à Bordeaux pour ramener à mes clients des produits de traitement contre le mildiou, les escargots… »
Service et engagements
Dans la famille, on sait ce que service veut dire : « Le matin, mon père prenait les feuilles de soins des patients modestes de la commune et ramenait leurs remboursements le soir, se souvient Gaël Ripoche. Quant à ma mère, elle attendait que le dernier patient soit sorti de chez le médecin (vers 20 h 30) pour fermer son officine. »
En 1998, il reprend les rênes de l’officine, mais le décès à 12 ans d’une de ses quatre filles, va bouleverser sa vie : « Parfois ce genre d’événement peut faire éclater une famille, cela nous a unis davantage. » Soutenu par sa foi religieuse, il multiplie les engagements : auprès des enfants hospitalisés, de l’association Aladin ou, avec son épouse, dans les actions de solidarité du Secours Catholique. Leur credo : « donner à des jeunes ce que l’on a reçu ». Il s’implique aussi dans l’amicale des anciens élèves du lycée Grand Lebrun : « ma maison », précise-t-il. En remerciement, l’établissement vient de donner son nom à sa promotion 2019.
Bonne humeur
En parallèle, Gaël Ripoche pratique le tennis, devient trésorier, puis président du club omnisports de Sainte-Hélène qui fédère 12 sections sportives et 1 041 licenciés ! Dont une championne du monde de kickboxing. Chaque année, il aime aussi animer le restaurant de la Foire Sainte-Croix, fête locale durant laquelle, dans la bonne humeur et parfois déguisé, il nourrit jusqu’à 450 convives, avec son équipe de bénévoles.
« Je suis un fédérateur », reconnaît-il. En effet, dans l’officine, entre confrères pour organiser les gardes ou dans le monde associatif, sa recette est simple : « Se réunir autour d’un repas et de quelques verres, laisser chacun s’exprimer librement, et tous repartent à l’unisson ! On me dit que je suis trop gentil, mais dans mon officine, j’ai toujours eu une équipe soudée et jamais un arrêt maladie ! »
Son officine grandit** et, en 2002, il la transfère dans un nouvel ensemble immobilier qu’il partage avec une supérette et plusieurs professionnels de santé. En 2006 un médecin quitte la commune. Gaël Ripoche cherche immédiatement un candidat parmi ses anciens remplaçants : « Je me souvenais d’un jeune médecin sympathique, je l’ai appelé, mais il avait trouvé un local dans une autre commune. » N’abdiquant jamais, notre pharmacien obtient que la mairie mette l’ancien presbytère à la disposition du médecin. Et c'est ainsi que celui-ci s’installe à Sainte-Hélène.
L’âme de la pharmacie
De même, avant sa retraite prévue en juin prochain, il a choisi son successeur : « Il est de Sainte-Hélène, comme cela l’âme de la pharmacie va rester. Tout comme son logo, dessiné par mon père, et qui représente un berger sur échasse, rappel du passé marécageux de la commune. »
À 68 ans, Gaël Ripoche a toujours foi dans la pharmacie, mais à trois conditions : « Maintenir le monopole, sinon c’est la mort des pharmacies rurales, s’opposer à l’ouverture du capital qui mettrait les officines au service de fonds de pensions, accompagner les pharmaciens vers davantage de compétences et de missions. Ici nous avons vacciné près de 80 personnes ! »
Quant à ses projets de retraité : entrer au conseil municipal pour appuyer la création d’une MSP, s’impliquer davantage dans les instances sportives, la paroisse, et s’occuper de ses 4 petits-enfants. Des façons variées « d’aider les jeunes générations à trouver leur place dans la société ».
Affable, souriant, riche d’anecdotes, celui que tout le monde appelle Gaël, a aussi un petit vice. Celui de la collection qu’il partage avec son épouse. Pendant que madame accumule les dés à coudre, il est à la tête d’une impressionnante collection de plus de 300 écharpes de clubs sportifs.
* Président de l’URPS pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine et président de la conférence nationale des URPS pharmaciens.
** 1 titulaire, 2 adjoints à mi-temps, un administratif à mi-temps, deux préparatrices.
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