Les événements parfois s’accélèrent et se télescopent. En décembre dernier, Grégory Tempremant, titulaire à Comines, dans le Nord, a été pris dans ce tourbillon. Le vendredi 11, tête de liste de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), il assiste à la victoire de son syndicat aux URPS de la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Puis, dans la nuit du dimanche au lundi suivant, il apprend à une heure du matin que, cinquantième sur la liste aux élections régionales, il est élu conseiller régional de cette même grande région.
Ces deux élections, que la plupart de ses patients ont apprises par voie de presse, sont tout sauf une surprise. Elles s’inscrivent dans une logique, celle d’un engagement assidu dans les instances, tout d’abord professionnelles, puis politiques, à partir de la création de l’UDI, en 2012. Aussi loin qu’il remonte dans ses souvenirs, Grégory Tempremant a toujours été guidé par le goût des responsabilités.
À la fac de Lille où il effectue ses études de pharmacie, il est membre du conseil et président du forum officine. Quand il reprend, en 2006, la pharmacie où il est assistant, le jeune titulaire devient vice-président de la commission développement du réseau régional du groupement Giphar, puis vice-président de la commission enseigne et marketing. Il quitte ces fonctions pour se consacrer à son mandat syndical à l’USPO. Et mène désormais deux trajectoires en parallèle, à l’USPO et à l’Union des Démocrates et des Indépendants (UDI). Il est membre du bureau national de ce jeune parti en même temps que coordinateur de son mouvement, Génération active.
Être utile
Aucun bouillon, ni brouillon chez ce jeune pharmacien de 37 ans, mais une démarche assurée et réfléchie. « J’ai toujours voulu construire mon avenir professionnel avant ma carrière politique », affirme-t-il. Ce célibataire qui a délaissé son seul hobby - la course à pied à la Citadelle de Lille - pour se vouer à ses deux passions, fait preuve de cohérence dans sa destination : se mettre au service de la santé et, au-delà, d’une région qu’il a sillonnée avec ses parents enseignants.
Né à Valenciennes - la ville de Jean-Louis Borloo -, il grandit dans l’Oise, puis à Comines, où il décide de s’installer, et habite enfin dans la proche banlieue de Lille. Grégory Tempremant fait confiance à Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé devenu président de région, et comme lui pragmatique, pour l’affecter là « où il sera le plus utile ». Il ne cache toutefois pas son espoir de se voir confier la santé.
Car le pharmacien a quelques desseins pour cette région où de nombreux indicateurs de santé publique sont au rouge. Il lui suffira de tirer des cartons de l’URPS la télésurveillance, le suivi des patients chroniques, le Paerpa* ou encore l’accompagnement de l’allaitement. Des expérimentations qu’il s’agit désormais d’étendre à la Picardie et de croiser avec les compétences d’un conseil régional. Grégory Tempremant brûle d’autant plus de s’y investir qu’il suit un master de gestion et politiques de santé à Sciences Po Paris et prépare un mémoire sur « la convention pharmaceutique, sa genèse, ses enjeux et ses perspectives ».
Faire ses preuves
Son double succès rencontre un écho favorable à l’USPO, dont le président, Gilles Bonnefond, salue l’investissement du jeune titulaire : « Il a été si souvent reproché aux pharmaciens de rester en retrait de la vie politique. » Selon lui, loin d’être incompatibles, les nouvelles fonctions du jeune titulaire vont « permettre d’arbitrer dans certains dossiers, d’orienter au mieux les budgets, de coordonner les champs politique et professionnel dans l’organisation des soins ». Le temps est désormais compté pour le jeune élu. Grégory Tempremant le sait. Le nouveau conseil régional, autant attendu par ses électeurs que par ses adversaires politiques, a une obligation de résultat quasi immédiate.
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