Après trois ans d'étude de philosophie et quatre de théologie, Guillaume Zango était fin prêt pour embrasser sa vocation : devenir prêtre dans son village de Bam, situé dans le Centre-Nord du Burkina Faso. Cela fait maintenant 6 ans que les fidèles de son diocèse attendent son retour. En 2014, il a en effet quitté son pays à l'âge de 29 ans chargé d'une grande mission : devenir pharmacien.
« Une grande partie de la population de la région d'où je viens n'a pas accès aux médicaments de base. Leur coût est très élevé pour les patients qui ne peuvent bénéficier de la Sécurité sociale comme en France et les pénuries se font de plus en plus sentir, explique Guillaume Zango. Depuis la chute du président Compaoré, le pays n'est plus stable, il y a beaucoup d'actes de révolte et de terrorisme. À cause de l'insécurité, les gens ne veulent pas se déplacer à plusieurs kilomètres de chez eux pour être soigné ou se rendre dans une pharmacie. Le centre médical de Bam est très fréquenté car le premier hôpital est à plus de 150 km. Le diocèse voulait ouvrir une pharmacie à but social, mais pour gérer les médicaments il fallait un pharmacien diplômé. »
L'Église, qui gère le centre médical de Bam, décide alors de confier ce rôle à l''un de ses prêtres. C'est Guillaume Zango, titulaire d'un bac scientifique, qui sera l'heureux élu. « Il n'y a que deux universités qui proposent un diplôme en pharmacie au Burkina. Faire ses études dans mon pays aurait été difficile, alors le diocèse a voulu que je vienne étudier en France. » Jumelé avec celui de Bam, le diocèse de Limoges va alors accueillir le jeune prêtre, le loger et financer ses études de pharmacie. Il laisse donc derrière lui sa famille et le soleil de sa terre natale, qu'il n'avait encore jamais quitté, pour acquérir les connaissances et le diplôme qui lui permettront de mener à bien son projet.
Du Burkina Faso à la Haute-Vienne
Arrivé en France, il réussit le concours de la PACES à la deuxième tentative. « Cela n'a pas été facile. J'avais eu mon bac dix ans auparavant et j'avais un peu décroché des matières scientifiques ; les études pour devenir prêtre ce n'est pas du tout la même chose. » Guillaume Zango doit également se familiariser avec une culture très différente de celle de son pays. « J'étais vraiment seul à mon arrivée, ce n'était pas évident d'aborder les autres jeunes qui étudiaient avec moi. Mais aujourd'hui, cela va beaucoup mieux, toute la promotion sait qui je suis, je passe mon temps à raconter mon histoire », précise-t-il en souriant. Une popularité qu'il doit notamment à un reportage que France 3 Nouvelle-Aquitaine lui a récemment consacré. « J'ai reçu beaucoup de messages de félicitations après sa diffusion. Cela a permis à mes camarades d'avoir une vision différente de l'Église, plus ouverte sur le monde. Ils ont aussi été très frappés par la réalité de mon pays », explique Guillaume Zango. Un reportage qui lui a également permis de faire connaître son projet de pharmacie sociale, qu'il ne manque également pas d'évoquer à tous ceux qu'il rencontre à la Pharmacie de la Mairie de Condat-sur-Vienne où il effectue actuellement son stage de 6e année depuis maintenant six mois. « La pharmacie m'a très bien accueilli quand je suis arrivé, on m'a vite présenté à tous les patients. On a conçu un dépliant qui explique tout mon projet et comment faire pour me soutenir et on a mis une cagnotte pour que les gens puissent faire des dons. »
Des patients qu'il conseille la semaine au comptoir et qu'il retrouve pour certains d'entre eux le dimanche lorsqu'il dirige l'office à l'église. En plus des 35 heures hebdomadaires passées à la pharmacie, Guillaume Zango célèbre en effet tous les dimanches matin à 9 h 30 une messe à la Chapelle Saint-Antonin de Limoges. Il est également appelé le week-end dans d'autres villages pour d'autres services religieux, notamment pour des enterrements. Il se rend aussi une fois par semaine dans une maison de retraite où il intervient comme aumônier. « À côté de cela, je dois préparer l'examen final, terminer mon rapport de stage et ma thèse, qui porte sur le paludisme en lien avec l'hygiène environnementale. Tous les jours, je me lève à 7 heures et je me couche à minuit, j'ai toujours quelque chose à faire. »
Le diplôme est en vue
En décembre, Guillaume Zango soutiendra justement sa thèse, épreuve qui marquera la fin de son aventure française. Il pourra alors se consacrer à 100 % aux habitants de sa région, mais aussi à sa famille à qui il n'a pas pu rendre visite depuis 2018. La pharmacie sociale dont il aura la responsabilité n'attend plus que son arrivée... et encore quelques dons, notamment pour assurer l'achat du matériel. « On ne va pas donner gratuitement des médicaments, ce n'est pas possible, mais ce que nous voulons c'est que la population ait accès à des médicaments à des prix acceptables. » Les habitants de Bam pourront en tout cas compter sur les compétences d'un pharmacien qui leur sera totalement dévoué.
Si vous souhaitez aider Guillaume Zango à financer son projet, vous pouvez faire un don à l'association Mil'Ami sur le site HelloAsso ou bien contacter l'association à l'adresse suivante : associationmilami@gmail.com
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin