Roumanie, Palestine, Kurdistan, Syrie, Azerbaïdjan, Soudan… Rares sont les points chauds du globe que Jean-François Cavalerie n’a pas arpenté. Parmi les pionniers de Pharmaciens sans frontières, ce Tarbais a été élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur, à la promotion du 14 juillet.
Sa belle carrière démarre pourtant par un échec : « Mon père (enseignant) voulait que je fasse médecine. J’ai obéi sans passion et je n’ai pas réussi. » Il s’oriente alors vers la pharmacie, et là, c’est une révélation ! « Dès mon premier stage, j’ai su que j’étais fait pour ce métier. J’aimais la relation au patient, la combinaison du commercial et du scientifique… »
Une fois achevé son cursus à la faculté de pharmacie de Toulouse, il entame, en 1982, une carrière d’assistant. Mais le virus de l’humanitaire le titille : « C’était la décennie des french doctors, explique-t-il, j’étais attiré par cette vie… »
Coup de foudre pour la Mauritanie
Désillusion, personne ne recrute de pharmacien ! Jusqu’au jour où il tombe sur un prospectus de Pharmaciens sans frontières. Troisième volontaire de l’association qui vient de se créer, il accepte une première mission en Mauritanie. Coup de foudre pour « ce pays, ses paysages désertiques, son peuple sans frontière, sans propriété, sa pratique religieuse tolérante… »
Sur place, il va à la rencontre des populations, définit les molécules nécessaires à chaque village, dispensaire, hôpital. Pose les bases d’un circuit du médicament à l’échelle du pays. À son retour, il est l’un des premiers à souligner l’inadaptation et le danger des MNU.
Il fait plusieurs missions en Mauritanie. Il y rencontre Lucien Castell, responsable de PSF Hautes-Pyrénées et titulaire d’une officine à Odos, en banlieue de Tarbes. De cette rencontre fortuite, naîtra une amitié, puis en 1991, une association dans la pharmacie où Jean-François Cavalerie exerce encore aujourd’hui*.
Enraciné à Odos, il multiplie les missions. Dans le Haut-Karabagh, il croise Bernard Kouchner : « Bien que ministre, il n’hésitait pas à dormir par terre avec nous. » En Irak, sous les bombes, il se lie d’amitié avec Reza, le célèbre photojournaliste. Il emmènera même son épouse (sage-femme) sur des missions.
À la tête de PSF-CI
Puis, il intègre le conseil d’administration de PSF et en 1995, devient président du comité international : « Cela représentait beaucoup de travail, tous les week-ends à Clermont ou Paris, la semaine en officine et les vacances sur le terrain. »
Un terrain qu’il abandonne en 1998, à la naissance de sa fille. C’est aussi l’heure des tensions chez PSF : clash sur les MNU, cabales… Il se souvient du peu d’écoute des syndicats et de la profession, mais retient le soutien indéfectible de l’Ordre, à l'époque de Jean Parrot. Usé, il quitte la présidence et, en 2005, l’association. « Je crois que j’en suis toujours Président d’honneur », indique-t-il, regrettant de ne plus avoir de liens avec les anciens.
Retour au local
Aujourd’hui, Jean-François Cavalerie se concentre sur ses projets officinaux. Président de l’association de professionnels de santé d’Odos, il prépare l’ouverture d’un pôle de santé dans lequel il transférera sa « Pharmacie des Pyrénées » et demeure optimiste : « Si la profession évolue comme on veut nous le faire croire, le métier sera un véritable poste avancé de santé, avec davantage de responsabilité dans le diagnostic, l’observance, le conseil… »
Sa légion d’honneur ? « J’en suis fier, surtout pour PSF », précise-t-il. Mais sa plus grande fierté lui a été donnée par sa fille qui vient de participer à sa première mission humanitaire en Inde, avec son école d’ingénieurs. Bon sang ne saurait mentir !
*Avec deux associés et 8 collaborateurs.
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