« Quand Hippocrate et Dionysos n’ont pas les mêmes valeurs, dans le Bordelais. » Le titre du nouveau roman de Jean-Paul Pometan annonce la couleur, évoquant les deux passions de son auteur : ses racines girondines (et dionysiaques) et le monde médical.
Ce professeur de pharmacie a pourtant découvert l’écriture sur le tard : « Une fois à la retraite, j’ai eu envie de raconter par écrit les souvenirs de ma jeunesse passée en Bazadais (Sud-Gironde) dans les années 1950, explique-t-il. Mais ce n’était que pour moi, je n’avais aucune ambition littéraire. » Convaincu par la qualité de son travail, son entourage le persuade pourtant de tenter l’aventure de l’édition. Et en 2015, une petite maison d’édition girondine accepte et publie son premier roman*.
Mais l’écriture est une addiction. Et Jean-Paul Pometan vient de récidiver avec un second roman** se déroulant dans le monde hospitalier. Un univers qu’il aurait pu ne jamais rencontrer, car ce fils d’instituteur laïc obtient un diplôme d’ingénieur chimiste et rejoint le CNRS à Paris. Mais très vite, sa Gironde natale lui manque et il rentre à Bordeaux pour enseigner la chimie organique à la faculté de pharmacie… et suivre le cursus de pharmacie.
Savoureuses anecdotes
Devenu professeur, il exerce en parallèle des fonctions hospitalières (cancérologie, antibiothérapie) au CHU de Bordeaux. C’est là qu’il place l’intrique de son nouveau roman ; une histoire d’amour entre une anesthésiste, fille de viticulteur, et un chirurgien cardiaque qui, ensemble, réussiront une première mondiale. Le livre se nourrit de la passion charnelle de Jean-Paul Pometan pour le Bordelais et d’une foule d’anecdotes savoureuses, puisées dans sa carrière : ambiance tendue du bloc opératoire, abnégation des internes « véritables fourmis du CHU », vision clinique des mandarins « race en train de s’éteindre » ou des syndicats par le récit d’une grève, regard amusé sur l’étrange tunique hospitalière révélant les fesses des patients…
Un ouvrage en forme d’hommage aux professionnels de santé et à l’hôpital public : « un monde où l’on soigne de la même façon le miséreux comme le richissime », résume-t-il. Et s’il se scandalise de certaines pratiques comme les dépassements d’honoraires, il conserve intact son amour du CHU « et de sa formidable dynamique intellectuelle ».
Comédie humaine hospitalière
À 75 ans, Jean-Paul Pometan place désormais la littérature au centre de sa vie : « Pendant 35 ans au CHU, je n’avais guère le temps de lire. Maintenant que j’écris, je m’y suis mis, avec une passion particulière pour Mauriac, Balzac et Proust. » Une belle filiation que l’on retrouve dans sa comédie humaine hospitalière.
Déjà, il prépare la sortie de son troisième roman et l’écriture du quatrième… De quoi offrir une retraite studieuse à cet humaniste déjà engagé dans des associations d’aide aux personnes en difficulté, aux malades du SIDA et dans l’accompagnement scolaire de jeunes rugbymen de haut niveau. Un clin d’œil à sa jeunesse qui l’a vu abandonner une possible carrière de footballeur professionnel aux Girondins de Bordeaux, pour les études supérieures… Mais aujourd’hui, son seul regret est universitaire : « L’ambiance des amphis me manque », avoue-t-il.
* « Une année sur les bords de la Bassanne », Claire Lorrain Éditions, 2015.
** « Quand Hippocrate et Dionysos n’ont pas les mêmes valeurs, dans le Bordelais », Claire Lorrain Éditions, 2018
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin