Le parcours de Laura Cerminara était pourtant loin d'être tout tracé. « Je n'avais pas vocation à être pharmacienne », explique la jeune femme de 29 ans, originaire d'Avignon, qui a fait ses études à la faculté de pharmacie de Montpellier. « Au départ, je voulais soigner des animaux ! », dit-elle en rigolant, expliquant vouloir guérir « peu importe la manière » et agir pour la santé.
Comment s'est-elle retrouvée en pharmacie ? « Peu importe votre profil en tant que patient, vous passez forcément par la pharmacie. Dans ce domaine, j'avais la garantie d'être en contact avec tout type de personnes. Derrière le mot santé publique, se trouvent les populations. Et elles passent toutes par la pharmacie », estime-t-elle.
S'ouvrir aux opportunités
Laura ne se limite pas à la blouse blanche, troquant durant sa jeunesse cette dernière pour un justaucorps de gymnaste et une bombe d'équitation. Deux loisirs dans lesquels elle excelle au point de participer à des compétitions au niveau national. « Je n'ai jamais souhaité en faire mon métier. C'était avant tout pour me détendre. Je me suis toujours vue avec une blouse blanche. » Mais même avec cette ligne directrice, Laura reste à l'affût de nouvelles opportunités, et frappe à toutes les portes.
Ainsi, durant ses études, elle passe par la filière industrie, puis hôpital, et se lance dans un master « Pilotage des politiques et actions en santé publique » à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), l'institut de référence en matière de santé publique en France. Un diplôme qui lui permet de rentrer dans le domaine institutionnel pour intégrer le ministère de la Santé en tant que chargée d'appui au pilotage de crise.
Prendre du recul
Elle qui avait participé au dépistage du Covid en pharmacie se retrouve à aborder les questions de santé au niveau national et, au-delà, participant à la révision du règlement sanitaire international et à la rédaction d'un accord international sur les pandémies. « J'ai compris que pour être un professionnel de santé, il faut comprendre tout le système de santé publique, à toutes ses échelles, ce qui n'est possible que lorsqu'on est ouvert à d'autres domaines », confie-t-elle. Une trajectoire qu'elle recommande à tous les pharmaciens. « Il y a plusieurs vies dans une vie. En changeant de milieu, on apprend la même chose, mais à chaque fois d'une autre manière », affirme Laura.
Aider les pharmaciens
Aujourd’hui, Laura Cerminara travaille en tant que responsable de l'exercice professionnel au sein de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). De cette position, elle a pu participer à l'obtention de nouvelles missions pour les pharmaciens, comme la prescription et l'administration de tous les vaccins du calendrier vaccinal dès l’âge de 11 ans. « Pour moi, ce fut très satisfaisant de voir le rôle de prévention du pharmacien reconnu. Notre prochaine étape est la réalisation de tous les TROD en officine ».
Jusqu'où s'arrêtera-t-elle ? Elle refuse de décider. Si le monde politique l'attire, Laura souhaite préserver son cœur de métier, la pharmacie. Peut-être fondera-t-elle son propre centre de santé ? Qui sait… En attendant, afin de rester en contact avec le patient, c'est bien derrière le comptoir qu'elle retournera en novembre, ayant dû le délaisser temporairement pour finir sa thèse*. « Être en officine, c'est le point de départ de tous les domaines que j'ai exploré. Ce qui est sûr, c'est que j'irai dans un désert médical. Là-bas, je suis sûre de pouvoir agir et accompagner mes patients de manière approfondie », déclare-t-elle.
* Intitulée « Les impacts de la pandémie de la Covid-19 sur les processus organisationnels du système de sécurité sanitaire international ».
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