Reconnaître les champignons qu'a cueillis un client est un service gratuit que rend le pharmacien, qui le rend sympathique, affirme Pascal Hériveau. « Le pharmacien n'est pas là pour nourrir la population, mais pour la maintenir en bonne santé », estime-t-il. Identifier des espèces toxiques, voire mortelles, est son rôle. Ce pharmacien de Pluméliau (Morbihan) préside l'Association mycologique Ploemeur-Morbihan, une association scientifique dont un dixième des membres sont pharmaciens. Ils organisent des sorties nature pour d'autres pharmaciens.
L'association a été créée en 1983. Pascal Hériveau a adhéré l'année suivante, et la préside depuis onze ans. Sa principale tâche est de faire connaître les champignons, mais surtout d'inventorier le patrimoine mycologique breton. « Il existe environ 25 000 espèces de champignons connus en Europe, 15 000 en France, et 4 000 en Bretagne, mais on en découvre tous les ans », explique le mycologue.
Grâce aux champignons
Les visites de terrain commencent au printemps, et durent jusqu'à l'automne. « Il y a des périodes plus propices, en raison de l'humidité qui est indispensable aux champignons. Le mycélium court partout sous terre, mais tant qu'il ne fructifie pas, on ne voit le champignon. » Le rôle du mycologue est d'identifier, de déterminer la nature des champignons. Il dispose pour cela d'une littérature, d'un inventaire régional, départemental, et les sociétés communiquent entre elles pour signaler une espèce intéressante, ou nouvelle. À Belle-Île-en-Mer, les mycologues bretons ont trouvé un champignon tropical venu on ne sait comment, mais déjà observé dans les Landes et en Gironde. On trouve aussi des champignons dans les dunes, dans le sable ou sur le fromage !
« On vient nous voir pour l'aspect gastronomique, sourit Pascal Hériveau, mais les gens sont toujours étonnés de découvrir autant d'espèces. Le champignon établit une relation entre les arbres, il les aide à pousser. Si on marche en forêt, c'est grâce aux champignons, parce que, sans eux, les feuilles et les branches tombées au sol ne se dégraderaient pas. »
Une référence
Pascal Hériveau est sollicité par des cueilleurs « qui lui reconnaissent certaines compétences ! » Il leur tient toujours le même discours : dans quel sac les portent-ils ? un sac plastique les confine ; les cueillent-ils entiers ? ; où les ont-ils cueillis ? près d'un carrefour les expose à des métaux lourds, etc. Le confrère recommande de ne pas en consommer trop souvent, de toujours les cuire, de ne pas boire d'alcool avec certains.
Il emmène ses confrères en forêt pour des « remises à niveau », des sorties sur le terrain suivies d'une discussion, d'une mini-exposition. « Le pharmacien est une référence, affirme-t-il, c'est le seul professionnel à avoir reçu une formation, mais il faut toujours entretenir ses connaissances. Tout le monde a un pharmacien près de chez soi, c'est bon pour un pharmacien de conserver l'intérêt de sa clientèle. »
Depuis trois ou quatre ans, des pharmaciens font partie des « référents » des centres antipoison en France. Lorsqu'un centre est confronté à un cas d'intoxication par un champignon, il diffuse sur un forum via internet des photos et/ou des informations obtenues, décrit les symptômes, et les référents répondent selon leurs connaissances.
L'association morbihannaise organise également une exposition annuelle à Ploemeur, une autre parfois, cette année à Rohan, participe à des fêtes de la nature, des journées de la pomme, et surtout enrichit l'inventaire national !
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