À 17 ans, Sandra Fournier n’avait qu’une certitude. « J’ai toujours voulu faire un métier pour aider les gens, qui ait du sens. » Elle choisit la pharmacie pour ses nombreuses perspectives et pense à s’engager dans l’humanitaire. La toute jeune lectrice du « Quotidien » s’oriente finalement vers l’industrie. En parallèle de ses 5e et 6e années de pharmacie, elle passe un master marketing et gestion pharmaceutique et sort diplômée de la faculté de Paris V en 1995. Dès lors, tout s’enchaîne. Après de premières armes chez Roussel-Diamant (devenu Sanofi) en 1995, elle passe près de 10 années chez Boehringer Ingelheim et s’investira à partir de 1999 dans une aire thérapeutique qui lui tient à cœur aujourd’hui encore : le VIH. « C’était les débuts de la trithérapie qui a révolutionné la prise en charge et a apporté un espoir. J’ai consacré 11 années au VIH mais on m’a toujours dit que je ne connaîtrais jamais de vaccin contre cette pathologie. Eh bien, c’est parce que je savais qu’il y avait un vaccin contre le VIH en développement que j’ai rejoint Moderna ! »
Entre-temps, la directrice générale de la toute nouvelle filiale France Benelux de Moderna, ouverte le 7 octobre à Paris, est aussi passée par les laboratoires Janssen-Cilag, Allergan et Shire, ainsi que par deux biotechs, InterMune (depuis rachetée par Roche) et dernièrement Sarepta, dont elle était également la directrice générale France Benelux. Sandra Fournier aime « tout créer à partir de zéro » et révéler son « esprit d’entrepreneur ». Surtout, ses choix professionnels répondent à son leitmotiv initial – aider et apporter de l’espoir. « Je m’oriente toujours vers des pathologies dont les besoins médicaux ne sont pas satisfaits. »
Pharmacien, un métier extraordinaire
Désormais à la tête d’une équipe d’une dizaine de « top talents », elle compte garder une filiale à taille humaine. « L’effectif montera peut-être à 15 en 2022. Tout le monde pense que Moderna est un mastodonte, mais début 2020 c’était encore une start-up de 800 chercheurs qui travaillaient sur la technologie de l’ARN messager, sans aucun produit prêt à la commercialisation et sans aucune capacité de production. » Le groupe compte désormais 2 700 collaborateurs dans le monde, bien loin de géants comme Pfizer (92 000 salariés) ou Sanofi (plus de 100 000). Moderna investit néanmoins pour augmenter au plus vite ses capacités de production, notamment en Europe, où « des discussions sont en cours avec plusieurs pays ».
Sa vision de l’officine ? « En tant que pharmacien, je suis très contente de voir le rôle des pharmaciens dans la campagne de vaccination et au-delà. C’est un métier extraordinaire, essentiel auprès des populations ; ils bénéficient enfin d’une reconnaissance méritée. » Plus encore que le vaccin contre le Covid de Moderna, c’est sa technologie de l’ARN messager qui la fascine. « Une véritable révolution pour les sciences dans les années à venir. » Sa passion ? « Mes deux filles, majeures et vaccinées… avec Moderna », sourit-elle.
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