Yves Guesnon va au cinéma trois fois par semaine, il voit près de deux cents films par an, si possible en version originale. Enfant, le pharmacien de Lancieux (Côtes-d’Armor) lisait les critiques de cinéma dans « Télé 7 jours » auquel étaient abonnés ses parents. Le premier film qu'il a vu en salle, se souvient-il, était « Cris et chuchotements », un film du Suédois Ingmar Bergmann, sorti en 1972, pas vraiment gai pour le jeune homme qu'il était alors.
Yves Guesnon est maintenant projectionniste bénévole au Familial, le cinéma du centre Jean Rochefort, dans la ville voisine de Saint-Lunaire, où il habite. L'association qui anime cette salle assure trois séances par semaine, toute l'année, plus une en été. Dans la petite commune de 2 300 habitants, la salle de 180 places reçoit 70 à 100 spectateurs à chaque séance.
« J'aime tellement lancer un film, se régale le pharmacien, quand la lumière s'éteint, et qu'apparaît la bande-annonce. » Une fois lancé le film depuis la cabine, le projectionniste descend s'asseoir dans la salle parmi les spectateurs.
Ils sont huit sélectionneurs au sein de l'association. « Nous programmons des films de qualité, et on les diffuse en même temps qu'à Paris. » Fini, en effet, le temps des copies de pellicules, un film est aujourd'hui numérisé, transmis sur un disque dur, ou téléchargé, après accord préalable du Centre national du cinéma (CNC). « L'été, on télécharge 24 heures sur 24. » Le Familial projette chaque vendredi un film en version originale (VO). « Je suis très puriste, reconnaît Yves Guesnon, les films en VO ont une bande de texte sous-titré, comme les opéras d'ailleurs, et je ne supporte pas les versions traduites en français. Les bandes de sous-titrage sont à la portée de tout le monde ! »
Le ciné-club de la ville voisine de Saint-Briac (2 000 habitants) est hébergé par Le Familial une fois par mois, animé par un couple d'universitaires. Dernièrement, on a projeté « Le Train sifflera trois fois », grand classique du western de Fred Zinnemann, de 1952, avec Gary Cooper et Grace Kelly. « J'adore le noir et blanc, avoue le confrère, et les discussions après projection sont toujours intéressantes. »
Le prix des entrées est de 6 euros, 5 euros par carnet de dix, un prix à faire pâlir un citadin. Et le cinéma porte bien son nom : « On s'interpelle d'un bout à l'autre de la salle, on se salue. Les clients viennent à la pharmacie parler cinéma, sourit-il. Il y a beaucoup de personnes âgées ici. Nous leur présentons toujours les films nouveaux, mais l'été les Parisiens veulent voir des reprises. Et les vacanciers s'installent de Pâques à la Toussaint ! »
Le pharmacien de Lancieux laisse volontiers sa femme, et co-titulaire, s'occuper de l'officine. Lui discute de films, de livres, de cuisine, joue au théâtre, des pièces écrites par un enseignant local. Mais il est surtout passionné de cinéma, dont les films japonais ou chinois ; il n'aime ni les publicités, ni les entractes, et se dit « horripilé par le bruit des papiers de bonbons pendant une projection. Nous sommes huit bénévoles avec la même passion, et avec un public de plus en plus fidèle ». Une exigence reconnue l'an passé par la remise du label Cinéma d'art et essai, décerné par le CNC.
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