Tourisme - Le centre du Portugal

Entre Coimbra et Aveiro, le cœur lusitanien

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Publié le 14/01/2019
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Entre les vallées du Douro et du Tage, la région des Beiras abrite les deux villes historiques parmi les plus séduisantes du pays, Coimbra et Aveiro. De vignobles réputés en stations littorales de charme, ce territoire révèle une part sensible de l’identité portugaise.
Portugal 1-Coimbra

Portugal 1-Coimbra
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Portugal 2-Coimbra

Portugal 2-Coimbra
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Portugal 4-Costa Nova

Portugal 4-Costa Nova
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Portugal 3-Aveiro

Portugal 3-Aveiro
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Portugal 5-L'Aliança Museum

Portugal 5-L'Aliança Museum
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

L’image du Portugal se focalise sur Porto et la vallée du Douro, Lisbonne ou l’Algarve et ses plages ensoleillées. Le pays a pourtant d’autres atouts à faire valoir. Ainsi de la région centrale des Beiras, qui court, entre les vallées du Douro et du Tage, depuis l’Atlantique jusqu’à la Serra da Estrela, près de la frontière espagnole. Montagneuse à l’est, maritime à l’ouest, elle livre deux villes moins connues que Lisbonne et Porto mais très séduisantes par le poids de leur histoire, Coimbra et Aveiro.

Si « Porto travaille », « Braga prie » et « Lisbonne s’amuse », selon le cliché accolé à ces trois villes, Coimbra, capitale du Portugal de 1139 à 1255, « étudie ». L’université du pays y fut installée une première fois en 1308, puis, après plusieurs allers et retours entre Lisbonne et Coimbra, s’y fixa définitivement en 1537, gardant cette exclusivité étudiante jusqu’en 1910. C’est dire le prestige qu’elle revêt encore. Au sommet de la colline, tel un phare du savoir imposant son pouvoir sur la cité, le Paço das Escolas et sa tour rythment les allées et venues universitaires.

Lors des examens de printemps et des cérémonies, les élèves revêtent la capa e batina, un costume et une cape noirs symboles de la tradition étudiante. D’autres se postent ainsi habillés autour des bâtiments d’enseignement et vendent de menus objets pour financer leurs études. Un lieu, en particulier, témoigne du savoir encyclopédique accumulé depuis les temps coloniaux : le musée de la Science de l’Université. Vénérable galerie des curiosités, le Cabinet d’Histoire naturelle, dans l’ancien collège des Jésuites, présente les collections humaines et animales de tous les continents.

Sous la « colline de la connaissance », Coimbra se révèle une ville escarpée très agréable. Cathédrales Sé Velha et Sé Nova, immeubles de style manuélin, places piétonnes et escaliers dégagent une ambiance romanesque et commerçante plaisante, sous l’œil du fleuve Mondego et de son puissant débit.

La route vers Aveiro, à 60 km au nord, propose une autre expérience. En pleine région de l’espumante, agréable vin mousseux portugais, le territoire du Bairrada abrite les caves souterraines du domaine d’Aliança-Vinhos de Portugal. Surprise, elles accueillent sur plus de 1,5 km de galeries un musée d’art, l’Aliança Museum. C’est le « caprice » de José Berardo, propriétaire du domaine et collectionneur averti, l’une des plus grandes fortunes du pays. Le parcours pédestre dans cette gigantesque caverne artistique révèle des collections d’ethnographie, de sculptures africaines, de trésors archéologiques, d’étains…

Canaux et Art nouveau

Aveiro est d’une autre nature. Située au fond d’une lagune reliée à l’océan, sa vieille ville est sillonnée de canaux qui lui donnent un air vénitien. Et les moliceiros, ces longues embarcations traditionnelles aux proues et aux poupes courbes décorées de peintures ingénues, évoquent à leur manière les gondoles vénitiennes. Dans les marais, on cultive toujours le sel, en témoignent les cônes blancs dressés au bord des œillets. Aveiro est aussi un port ostréicole et de pêche. Ses navires traquent la morue en Atlantique nord et les restaurants la servent, dit-on, de manière délicieuse. Enrichie par ces activités, la cité s’est parée de beaux édifices Art nouveau ; 29 sont classés, prétexte à une promenade agréable entre canaux et ruelles jusqu’au marché aux poissons, une belle halle d’inspiration Eiffel précédée de cafés et de restaurants-terrasses.

En continuant vers l’ouest, voici Ilhavo. La ville abrite le récent et époustouflant musée maritime, dédié à l’histoire de la pêche à la morue. Il accueille aussi un aquarium. C’est l’occasion de rappeler que l’économie de cette région côtière a longtemps été fondée sur cette ressource halieutique. Tout comme sur la sardine : la conserverie Comur, fondée en 1942 près d’Aveiro, distribue toujours ses boîtes colorées dans des magasins à son enseigne, comme sur le Largo da Portagem, à Coimbra.

À côté, Vista Alegre célèbre une autre tradition : la porcelaine et l’étain. Depuis 1824, on fabrique ici de splendides services de table et des objets décoratifs, façon ancienne mais aussi design. La fabrique se visite et la boutique d’usine tend les bras aux visiteurs.
Encore quelques tours de roues et voici l’Atlantique.

À Costa Nova, l’atmosphère est d’essence populaire. On y vient voir le célèbre marché aux poissons et apprécier la cuisine de mer servie dans les nombreux restaurants. Entre dunes de sable et lagune, la station est aussi connue pour ses palheiros, splendides maisons à colombages colorées. Ce Portugal authentique et différent des régions habituellement visitées vaut le voyage.

Philippe Bourget
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3486